Les anges gardiens, film de Jean Marie Poiré, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Les anges gardiens,
       1995, 
 
de : Jean-Marie  Poiré, 
 
  avec : Gérard Depardieu, Christian Clavier, Yves Renier, Eva Grimaldi,
 
Musique : Eric Levi


 
Lire le poème (CinéRime) correspondant : ' Ange infernal '

 
Carco (Gérard Depardieu) a quitté le milieu des truands et tient désormais un cabaret de strip-tease. Il est même sur le point d'épouser l'une des beautés qui font la gloire de son établissement. Un jour, l'un de ses anciens comparses, "La pince" (Yves Rénier), l'appelle en urgence d'extrême-orient pour lui confier une double mission : venir récupérer son jeune fils et quelques millions de dollars volés à la mafia chinoise. Mais celle-ci ne l'entend évidemment pas de cette oreille ! A peine arrivé sur place, Carco apprend que "la pince" est mort assassiné et que sa vie ne vaut pas un clou... Le seul moyen de rapatrier l'enfant est de le confier à un prêtre français, le père Tarin (Christian Clavier), qui s'apprête à ramener en France sa colonie d'enfants "difficiles"... 
 
 Le scénario de départ emprunte sensiblement la même voie que "L'opération corned-beef" du même réalisateur. A mi-chemin, Jean Marie Poiré oblique, et introduit, grâce au début de la vogue des effets spéciaux (assez réussis), cette intervention mi-angélique, mi-diabolique. L'idée est bonne en elle-même et contribue à relancer l'attention et à renouveler le genre codifié et convenu du policier comique. Le résultat, lui, est, me semble-t-il, assez mitigé. Certes les interventions des doubles célestes apportent leur petit lot de gags, mais laissent souvent une impression de placage opportuniste. 
 
 L'ensemble du film, d'ailleurs, m'a toujours laissé sur ma faim, un peu frustré, comme si l'impression que le résultat aurait pu être beaucoup plus drôle s'imposait avec persistance. Il est assez difficile d'en trouver la cause. Le scénario est convenable, l'action, vivante, pour ne pas dire parfois carrément agitée, alterne avec des scènes de comique intimiste assez réussies... Il me semble que l'une des clés de cette demi-insatisfaction réside dans le choix des acteurs. 
 
 Plus que tout autre genre, la réussite du comique dépend du goût et de la disposition intérieurs du spectateur, ainsi que de son âge. A moins d'être vraiment mal joué, un drame provoquera de l'émotion chez toute personne qui ne s'est pas blindée artificiellement. Un humour tant soit peu original laissera peut-être de marbre cinquante pour cent des spectateurs. 
 
 À mon sens, et sans entrer dans le détail des différents types comiques, il existe dans ce domaine deux grands types d'acteurs : 
 
     >  Ceux qui sont spontanément et naturellement comiques. 
  
     >  Ceux qui ont un talent de comique. 
 
 Gérard Depardieu (comme Jean Paul Belmondo, Michel Blanc, Louis de Funès, Bourvil, Bernard Blier...) fait partie de la première catégorie. Je le trouve quasiment toujours parfait dans ce type de rôle ("La chèvre", "Les valseuses", "Les compères", même lorsqu'il s'agit d'un comique grave : "Tenue de soirée") et passablement décalé dans les rôles dramatiques. 
 
 Christian Clavier entre, pour moi, dans la seconde catégorie. Ses qualités de comédien lui permettent de grandes réussites, mais l'hilarité doit être générée par un rôle taillé sur mesure et écrit avec génie, comme savait si bien le faire, par exemple, Michel Audiard. 
 
 Ici réside, je crois, la relative faiblesse des "Anges gardiens". Les personnages sont correctement décrits, campés, mais sans ce petit plus qui déchaîne la jubilation interne. Et le résultat est distrayant, agréable mais sans excès...
   
Bernard Sellier