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Le problème à 3 corps,
      Saison 1,    (3 Body Problem),     2021,  
 
de : David  Benioff, 
 
  avec : Jovan Adepo, Liam Cunningham, Eiza González, Benedict Wong, Jonathan Pryce, Rosalind Chao,
 
Musique : Ramin Djawadi

 Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
1967. La fille d'un professeur de physique tué par les gardes rouges, Ye Wenjie (Rosalind Chao), est déportée en Mongolie, mais, grâce à ses connaissances scientifiques, elle intègre un programme secret «Côte rouge ».  De nos jours, plusieurs physiciens travaillant sur le monde des particules sont tués ou se suicident. Plusieurs collègues physiciens, dont Auggie Salazar (Eiza González), Jin Cheng (Jess Hong), et Saul Durand (Jovan Adepo) cherchent à comprendre les phénomènes étranges qui se déroulent dans l'univers...
 
 Pas facile de résumer cette intrigue dont la complexité intrigue et perturbe. Un grand nombre de thèmes et de personnages apparaissent dès le premier épisode, et l'origine extrême orientale de certains d'entre eux ne facilite pas pour le spectateur leur intégration dans l'histoire, d'autant plus que plusieurs périodes temporelles sont présentes. Il est évident que l'ambition des créateurs de la série est grande. C'est ni plus ni moins que la survie de l'humanité qui est en jeu, et ce sont les plus grands physiciens de l'époque qui sont convoqués pour contrer le danger qui menace dans le futur la planète et ses habitants. Dans une grosse première moitié de cette première saison (car la fin laisse forcément le champ libre à une suite), le mystère s'éclaircit petit à petit en grande partie grâce à des casques spéciaux qui propulsent les porteurs dans un jeu d'un réalisme inconnu sur terre. Ce jeu se révèle en fait être un moyen de communication entre la civilisation extraterrestre qui est en route vers notre planète, et les quelques humains qui les attendent comme des sauveurs. Étant donné que ces envahisseurs n'arriveront que dans quatre siècles, on peut se demander comment ces casques de haute technologie sont arrivés sur notre sol. Mais ce n'est là que l'une des nombreuses questions qui se posent à chaque instant. Y répondre est d'autant plus impossible que l'imagination des créateurs paraît sans limite. Les participants au jeu sont ainsi transportés dans une multitude de catastrophes planétaires qui ont conduit à l'extinction de nombreuses civilisations ayant grandi sur cette planète dotée de trois soleils et située à 4 années-lumière de la Terre. Ce survol apocalyptique ne manque pas de scènes mémorables, en particulier l'ordinateur humain composé de trente millions de soldats, ou encore les catastrophes engendrées par les ères chaotiques, glaciations, fusions, ou dessèchements des corps. Tout cela culmine dans un épisode 5 proprement époustouflant, dont la séquence du bateau sur le canal de Panama restera dans les mémoires.

 Nous sommes d'autant plus surpris et frustrés de constater que les trois derniers épisodes laissent presque totalement de côté les péripéties spectaculaires, et surtout s'enfoncent dans un verbiage interminable qui casse brutalement le rythme de l'aventure. Certes, le drame vécu par Will Downing (Alex Sharp) est émouvant, mais, bien que son état finisse par servir les projets de sauvetage mis en œuvre par les scientifiques, les relations qu'il entretient avec ses amis prennent une place démesurée. Le spectateur a clairement l'impression que les scénaristes sont brusquement victimes d'un manque d'inspiration. Cette hypothèse se voit d'ailleurs confirmée, car la fin de l'épisode 8 a beau ouvrir la porte sur une suite indispensable, elle frappe par son engourdissement qui est très en osmose avec l'abattement de l'enquêteur Da Shi (Benedict Wong). 

 Une série profondément originale, décapante, gorgée de trouvailles visuelles et narratives, mais qui laisse une impression mitigée, tant son dernier tiers apparaît fade et très en-dessous de ce que l'on pouvait attendre après le feu d'artifice des cinq premiers épisodes. L'éventuelle saison 2 aura l'obligation de relever la barre de façon radicale.
   
Bernard Sellier