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Pulsions,
     (Dressed to kill),     1980, 
 
de : Brian  de Palma, 
 
  avec : Michael Caine, Angie Dickinson, Nancy Allen, Keith Gordon, Dennis Franz, David Margulies,
 
Musique : Pino Donaggio


   
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Coup de Yang '

   
Kate Miller (Angie Dickinson) est une femme belle, mais sexuellement insatisfaite par son second époux, Mike (Fred Weber). Elle consulte régulièrement un psychiatre, le docteur Robert Elliott (Michael Caine). Un jour, elle rencontre dans un musée un inconnu, Warren Lockman (Ken Baker), avec lequel elle passe la nuit. Au petit matin, elle est assassinée à coups de rasoir par une blonde mystérieuse. Une jeune femme, Elizabeth Blake (Nancy Allen) a été témoin de l'agression. Le détective Marino (Dennis Franz) qui l'interroge, ne semble guère se préoccuper du danger qu'elle court... 
 
   On ne répètera jamais assez l'importance que revêt une ouverture de film réussie et l'impact positif qu'elle peut avoir sur la perception émotionnelle du reste de l'œuvre. Ici, dès les premières secondes, le spectateur est plongé dans un monde nouveau, amalgame complexe de réalité et de subconscience. La caméra se glisse par une porte, puis, à la fois oeil d'ange adorateur et de démon voyeur, s'approche lentement du corps nu d'Angie Dickinson, caresse avec sensualité les courbes de son corps comme le fait, physiquement, la main savonneuse de la jeune femme. Mouvements lents, quasiment étrangers à l'espace et au temps humains, portés par l'envoûtante et magique musique de Pino Donaggio. Du plaisir visuel à l'état pur ! Puis, après une courte scène chez le médecin, c'est l'extraordinaire séquence du musée. Là encore, un grand moment de cinéma. Pas de paroles, mais quelle intensité ! Dans les regards, dans le plus infime geste, dans le jeu de cache cache séducteur. Jusqu'alors, nous sommes en présence de l'aspect érotique, ludique, de la passion amoureuse, côté unification. 
 
   Puis, avec une sauvagerie abrupte, surgit le versant opposé : la destruction. Le sang jaillit, l'oppression, la peur s'installent. Cette nouvelle donne sonne brutalement le glas de l'état de paisible apesanteur dans laquelle baignait l'histoire. Un pan de réalité tragique et lourde s'implante : l'enquête du jeune fils de Kate, Peter (Keith Gordon), les interrogatoires au commissariat. Cependant, l'onirisme, le mélange de vécu et d'imaginaire, n'ont pas disparu. C'est la superbe poursuite dans le métro. Et, pour clore cette descente dans le labyrinthe des pulsions inconscientes, ce magistral final, bien sûr inspiré de la mythique scène de "Psychose", dans la conduite duquel on retrouve tout le génie de Brian de Palma, sa lenteur habitée, ses mouvements de caméra qui s'apparentent à la technique de chasse des fauves : immobilisme, mouvements suspendus, puis, en une fraction d'éclair, le bond sur la proie. 
 
A tous point de vue, inoubliable...
   
Bernard Sellier