Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Le règne animal,
         2023, 
 
de : Thomas  Cailley, 
 
  avec : Romain Duris, Paul Kircher, Billie Blain, Adèle Exarchopoulos, Tom Mercier,
 
Musique : Andrea Laszlo De Simone

 Ne pas lire avant d'avoir vu le film... 
  

 Depuis deux ans, une mutation génétique d'origine inconnue transforme certaines personnes en animaux. La femme de 
François Marindaze (Romain Duris), Lana, est contaminée et soignée en clinique. François et son fils Émile (Paul Kircher) décident de quitter Paris pour un coin perdu dans les Landes. Mais le camion sanitaire qui transporte Lana est accidenté, et la jeune femme disparaît...  
 
 Le scénariste réalisateur a-t-il été inspiré par les deux années de prétendue pandémie de Covid ? C'est probable, tant la thématique du film reproduit les différentes approches qui se sont affrontées durant cette période sombre. En l'occurrence la mise à l'écart ici des personnes atteintes de mutations, que l'on ne peut que mettre en parallèle avec l'ostracisme odieux dont ont été victimes les personnes refusant de se faire injecter des produits en tout début de phase d'expérimentation, dont on sait aujourd'hui qu'ils sont à la fois non efficaces et générateurs de nombreux effets secondaires souvent graves. L'écueil principal est que c'est un choix radical qui est privilégié ici, et que le risque est grand de tomber dans les excès gore qui parsèment les œuvres similaires, par exemple la série « Walking dead ». Précisons-le tout de suite, ce n'est pas du tout le cas. En effet, hormis lors de quelques rares scènes aussi flippantes que violentes, le récit privilégie en permanence l'humanité, que ce soit chez les mutants ou chez les membres de leurs familles. Il est à noter que les relations père fils sont particulièrement crédibles et réussies. L'intrigue suit un parcours assez classique, voire prévisible, mais toujours porteur d'une dramaturgie maîtrisée. La question que l'on se pose concerne le choix de cette mutation, dont la justification ne saute pas aux yeux. L'être humain est-il en voie de redevenir un animal ? Ce n'est pas impossible, car on a eu l'occasion de voir durant ces deux années de Covid la violence et la haine dont peuvent faire preuve certaines personnes pourtant dotées d'une culture étendue ou d'un esprit soi-disant philosophique. Le message est-il l'acceptation de l'autre, quelles que soient ses différences ? Étant donné la radicalité des choix narratifs, ce n'est pas évident, car il faut avouer que les quelques spécimens présentés, à l'exception du touchant  Fix (Tom Mercier), sont dans leur majorité plutôt agressifs et destructeurs.

 Une aventure pour le moins originale dans son traitement, mais qui laisse perplexe quant à ses motivations profondes.
   
Bernard Sellier