Le MP3 prépare-t-il un monde d'autistes?, Bernard Sellier

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Réflexions sur le monde de demain que nous bâtissons aujourd'hui...
   Vous trouverez dans cette rubrique des informations succinctes concernant divers domaines qui préparent notre avenir, celui de nos descendants, et... le nôtre si nous considérons que la réincarnation est réelle. Il ne s'agit bien sûr pas de développer des théories scientifiques ni même d'analyser des données qui échappent à nos cerveaux d'humain lambda ! Il s'agit simplement, à travers des anecdotes, livres ou articles, de réfléchir sur ce que la «science» nous prépare et de ne pas assister, totalement passifs, à la fabrication, par quelques puissances chez lesquelles le mot «désintéressement» n'existe pas, d'une terre à leur convenance financière.  
Le MP3 (et les nouvelles technologies) préparent-ils un monde d'autistes ?
  Article publié sur AGORAVOX  

   
  
Avec le développement ultra rapide des technologies et la miniaturisation extrême des appareils portables, plusieurs phénomènes étaient déjà bien connus : 
 
  Par exemple l'automobiliste qui estime infiniment plus important de téléphoner, voire d'écrire un SMS (il faut quand même en être capable !), que de regarder si une maman traverse la rue en poussant un landau, ou si une mamie s'engage sur un passage protégé à la vitesse d'un escargot. 
 
  Par exemple le fondu de jeux vidéo qui passe quinze heures par jour devant sa console, et finit par ne plus savoir très exactement où commence le monde «réel» et où s'arrête l'univers virtuel. 
 
   Par exemple la joggeuse qui effectue son footing quotidien le long de la chaussée, aspirant à pleins poumons les bienfaisants résidus d'Elf ou de Total, écoutant la dernière création de Mylène Farmer ou le tube interplanétaire de Madonna, ce qui, convenons-en, est tout de même plus agréable que de subir le son infernal des scooters débridés à échappement libre. 
 
   Par exemple le frimeur au volant de sa Béhème neuve, plus ou moins achetée, écoutant sans imploser les cent quarante décibels de son autoradio, qui font frémir les vitres des appartements proches. 
 
   Tous ces phénomènes sont devenus tellement naturels qu'il est inutile de s'appesantir sur eux. 
 
   Mais, jusqu'à une période récente, subsistaient encore quelques lieux dans lesquels Monsieur ou Madame Durand pouvait échanger quelques mots avec ses compatriotes. A savoir les magasins. 
 
   Bien sûr, la technologie y avait déjà effectué une double percée évidente : d'une part la musique "d'ambiance" (parfois infernale au point de faire fuir le client potentiel), que l'immense majorité des boutiques se croit obligée d'asséner à longueur de journées à ses occupants. D'autre part le syndrome du téléphone portable qui permettait à chacun de nous de profiter des conversations intimes et des mensonges en direct ("Chérie... oui, je suis à Nantes"... Tiens, je croyais que j'habitais Antibes... Il faut que je consulte sans tarder. Sans doute un début d'Alzheimer...). 
 
   Bref, toutes ces petites gâteries de la technologie nous étaient devenues familières, et, malgré leur envahissement progressif, il était encore possible d'écouter le client exprimer ses besoins. 
 
   Désormais, cette dernière communication, cet ultime et fragile contact par la parole avec notre frère (ou soeur) humain (e), devient progressivement impossible. 
 
   Pour reprendre le titre d'un film de Danièle Thompson, sorti en 2009, «Le Code a changé». Voici la nouvelle donne : 
 
   La porte du magasin s'ouvre. Un être humain paraît et s'avance. Par nature autant que par habitude, nous proférons un accueillant "Bonjour". Pas de réponse. Le client, ce doit en être un puisqu'il a franchi le seuil, s'étant approché, nous constatons la raison de ce mutisme. Deux écouteurs sont hermétiquement vissés dans ses oreilles et un bruit tonitruant nous parvient malgré l'isolation phonique. Ah bon, ce n'était donc pas de l'impolitesse (le cas se rencontre de plus en plus fréquemment, et bien souvent chez des personnes d'un âge "certain"), mais simplement une surdité programmée. Rien de grave ! Ce brave bipède aime la musique et celle-ci, chacun en est conscient, adoucit les moeurs. Les préliminaires facultatifs ayant été zappés, nous attendons la demande. Mais, à notre intense stupéfaction, aucune main ne se dirige vers un écouteur pour l'extirper pendant trois secondes, histoire de répondre à notre stupide question : "Que désirez-vous ?". En revanche, un doigt se dirige vers un objet, afin de nous faire comprendre que son acquisition était le but recherché. 
 
   Deux cas se présentent alors. Soit la transaction s'effectue sans complication, et le bipède quitte le magasin, comme il était entré, sans un mouvement de lèvres et sans que nos regards se soient croisés, même une fraction de seconde. Soit un infime grain de sable se glisse dans la finalisation de l'achat, nécessitant un question de notre part. Question qui peut nécessiter, cela va sans dire une voire plusieurs répétitions à un niveau sonore de plus en plus élevé, afin de couvrir le maelström musical. Deux yeux furieux se tournent alors en notre direction, une main le lève rageusement pour déboucher une écoutille, tandis que fuse un "Hein ?" particulièrement agressif, histoire de nous faire comprendre l'indécente incongruité de notre interrogation. Les deux ou trois mots indispensables jaillissent, et la main s'empresse de réinsérer l'écouteur, afin de perdre le moins de décibels possibles... 
 
   Allez, je l'avoue, ce n'est pas encore la majorité des clients qui nous fait vivre cette nouvelle relation humaine. Mais depuis quelques années, le pourcentage ne cesse d'augmenter. Aussi serait-il urgent d'interroger les voyants de tous bords afin que nous puissions nous préparer aux changements radicaux qu'ils visualiseront pour demain. Mais, au fait... Avaient-ils prévu, lors de cette nouvelle année 2011, les innombrables drames qui endeuillent la terre depuis le premier janvier, entre tremblements de terre, tsunamis, révolutions en tous genres ? Ne prenant jamais connaissance de ce genre de fumisteries pseudo-astrologiques, la réponse ne m'est pas connue... Pour ma part, je vois bien, d'ici une décennie, cinq milliards d'humains déambuler dans les rues, le visage chaussé de lunettes-écran hermétiques afin de se plonger tranquillement dans l'univers d'"Avatar 6". Comment feront-ils pour se diriger ou éviter les obstacles ? Sans doute aurons-nous alors développé un GPS interne capable de programmer nos allées et venues sans l'utilisation totalement anachroniques de ces deux sens que sont l'ouïe et la vue.. Mais comme le rdéclare chaque matin Jean-Pierre Gauffre aux auditeurs matinaux de France Info, avec la délectable ironie qui le caractérise, "Vous n'êtes pas obligé de me croire"... 

Bernard SELLIER