Amours brisées
Oh ! Comme il était beau mon rêve de jeunesse !
L'amour me souriait et je croyais en lui.
Il versa dans mon cœur une si douce ivresse
Que la trace profonde y demeure aujourd'hui.
Je croyais cet amour, ce pauvre amour humain,
Solide comme un roc au bord d'un vieux chemin ;
Il dressait vers le ciel une si fière tête
Que j'attendais sans crainte un grand vent de tempête.
Il avait un parfum de fleur épanouie --
De ses douces senteurs il embaumait ma vie
Et sur le grand jardin des jours ensoleillés
Je promenais des yeux toujours émerveillés.
Il est si doux d'aimer quand le cœur se repose
Sur un cœur amoureux en lequel il a foi --
La vie est un matin perpétuellement rose
Et chaque mot d'amour emplit le cœur d'émoi.
( à suivre dans les recueils imprimés... )
Crépuscule
Lente, la nuit descend sur la forêt voisine
Dont le soleil couchant dore encor les sommets.
Elle semble cacher par delà la colline
Un lointain incendie aux immenses reflets.
Du ciel au bleu pâli tombe une paix sereine
Qui met sur toute chose un calme bienfaisant
Le cœur le plus meurtri sent s'effacer sa peine
Quand la forêt s'endort dans la nuit qui descend.
L'autrefois douloureux apparaît comme un songe
Dont le soir de printemps chasse le souvenir --
Il n'est plus de passé... Qu'importe l'avenir ?...
Lente, la nuit descend et la forêt s'y plonge.
( à suivre dans les recueils imprimés... )
Par un soir de printemps, Face à la forêt d'Hesdin, Juin 1934
Diplôme d'Honneur, 25 juin 1967. Prix Jules Sottiaux.
Montigny-le-Tilleul (Belgique)
Fantômes
Dans les jours où l'ennui me ronge
Je fais retour vers le passé --
Le présent n'est plus que mensonge,
Un cauchemar, un mauvais songe
Vite effacé !
S'il coule en mon âme meurtrie
Des pleurs amers rougis de sang
Je veux retrouver dans ma vie
Les heures de joie infinie
De mes vingt ans !
Aujourd'hui si mon cœur ignore
Le doux sentiment qu'est l'amour
Il veut se souvenir encore
Des amours de sa belle aurore
Et de leurs beaux jours --
Je veux revoir par la pensée
Ton clair visage souriant,
Petite enfant, première aimée,
Par la mort si vite emportée
A ton printemps !
( à suivre dans les recueils imprimés... )
02/09/1931
Je me souviens d'un temps...
Je me souviens d'un temps où la détresse au cœur
Je cherchais vainement une raison de vivre --
Je regardais les jours, lugubrement me suivre
Et jeter à mes pieds leur fardeau de douleur.
Je me souviens d'un temps où je voyais l'abîme
Se creuser sous mes pas et m'attirer à lui ;
Sous mon front des éclairs de folie ont lui,
J'ai compris le suicide et j'ai compris le crime !...
Avoir aimé d'amour pendant plus de vingt ans
Sans que jamais un doute ait fait naître l'alarme,
Avoir aimé d'amour sans verser une larme
Depuis le temps lointain de son jeune printemps,
( à suivre dans les recueils imprimés... )
août 1933
Renouveau
Hier, tout semblait mort. Une bise glacée
Étendait un linceul de légers flocons blancs
Sur tout ce qui vécut à la saison passée
Sous l'ombre des grands bois, dans la splendeur des champs.
Hier tout semblait mort sous la bise glacée !
Les arbres décharnés ainsi que des squelettes
Étendaient vers le ciel leurs grands bras impuissants :
Plus de feuillage épais où les oiseaux en fête
Pouvaient, chanteurs discrets, nous moduler leurs chants
Les arbres n'étaient plus que de tristes squelettes !
Hier mon cœur meurtri par une lourde peine
Semblait mort à jamais à la joie, à l'espoir ;
Une bise glacée avait de son haleine
Étendu sur ma vie un lourd suaire noir.
Mon cœur était meurtri par une lourde peine !
( à suivre dans les recueils imprimés... )
avril 1933