13 reasons why, Saison 1, série de Brian Yorkey, commentaire

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13 reasons why,
       Saison 1,      2017,  
 
de : Bryan  Yorkey..., 
 
  avec : Dylan Minnette, Katherine Langford, Christian Navarro, Brandon Flynn, Derek Luke, Devin Druid,
 
Musique : Eskmo

 Une petite ville américaine. Une jeune fille, Hannah Baker (Katherine Langford) s'est récemment suicidée. Tout le collège est encore sous le choc. Un jour, l'un de ses amis les plus proches, Clay Jensen (Dylan Minnette) reçoit un colis comportant plusieurs cassettes audio. Il s'agit d'une confession post mortem de la jeune fille... 
 
 L'approche sérieuse et, en l'occurrence, dramatique, des troubles divers qui gangrènent la vie adolescente est rarement abordée, surtout dans une série. Plus encore avec une originalité (le testament à épisodes post mortem) et une puissance émotionnelle qui irriguent les treize épisodes. Ce n'est pas véritablement une enquête qui se déroule sous les yeux des spectateurs, mais une observation détaillée du quotidien, avec ses rumeurs, ses jalousies, ses rancoeurs, ses vengeances, ses tentatives de séduction, ses amitiés fragiles, ses mensonges, ses lâchetés, ses rivalités, bref tout ce qui compose l'apprentissage de la vie d'adolescents travaillés par leur puberté. Le plus grande qualité de cette première saison réside dans la subtilité, la délicatesse, avec laquelle les scénaristes construisent cette toile d'araignée mortifère. La contrepartie est que tous ces petits riens, dont certains paraissent à l'adulte que nous sommes dérisoires, mais qui semblent pour les protagonistes un himalaya insurmontable et traumatisant, sont parfois générateurs d'ennui. Car le récit prend tout son temps pour installer les jalons de ce qui débouchera, in fine, sur un terrible drame. Et ce temps apparaît périodiquement bien étiré. 
 
 Ce qui est pourtant indéniable, c'est que la narration ausculte avec une profonde authenticité et une incontestable finesse d'analyse, la dérive quasiment invisible d'une adolescente qui ne présente pourtant aucune caractéristique pouvant faire craindre le pire. Bien qu'ils soient préoccupés par leur vie professionnelle, ses parents sont unis et aimants. Hannah est jolie, intelligente. Et même si le collège renferme son lot habituels d'abrutis musculeux et de jaloux en tous genres, il est bien difficile d'imaginer le processus mortifère qui va se mettre en place. Il est également indispensable de saluer les acteurs qui, tous dans leur registre, habitent leurs personnalités avec une finesse et une intensité émotionnelle jamais prises en défaut. Le manichéisme est totalement absent, et, à l'exception de Bryce, les étudiants, dans leur immense majorité, sont des êtres immatures, souffrants, blessés, bien avant d'être les masques plus ou moins artificiels, imparfaits ou agressifs qu'ils affichent au quotidien. De multiples sujets, des plus simples aux plus traumatisants sont abordés avec une dignité et une justesse de premier ordre : les insultes, brimades, mensonges, incommun icabilité, agressions sexuelles, marginalisation, orgueil, passivité... 
 
 Dans ce domaine très particulier et bien peu visité d'une manière aussi adulte, cette première saison est un réussite majeure.


  Bernard Sellier