Les 8 salopards, film de Quentin Tarentino, commentaire

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Les 8 salopards,
                (The hateful eight),        2015, 
 
de : Quentin  Tarentino, 
 
  avec : Kurt Russell, Samuel L. Jackson, Jennifer Jason Leigh, Peter Madsen, Tim Roth, Bruce Dern, Walton Goggins, Demian Bichir,
 
Musique : Ennio Morricone


 
John Ruth (Kurt Russell), un chasseur de primes, conduit en diligence sa prisonnière, Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh) à Red Rock, afin de toucher la prime avant de la faire pendre. Sur la route, il trouve l'un de ses confrères, le Major Marquis Warren (Samuel L. Jackson), qui, privé de cheval, se trouve dans l'incapacité d'acheminer ses trois cadavres de truands dans la ville. Après moult négociation, John accepte de partager la diligence avec son confrère... 
 
 Que l'on soit ou non adepte de ses créations, il faut au moins reconnaître une vertu au réalisateur. Il est rigoureusement fidèle à son style et donne toujours naissance à du Tarentino pur jus. Ce qui signifie 90 premières minutes, soit l'espace des trois premiers chapitres, de présentations, d'interminables palabres plus ou moins (souvent moins, d'ailleurs) intéressantes et de torrents d'anecdotes étirées jusqu'à la rupture, qui feraient bâiller d'accablement le plus réceptif des auditeurs. Presque toujours immobiles, tour à tour pontifiants, laconiques, sadiques, insultants, les différents protagonistes occupent un espace théâtral totalement artificiel à force de statisme, dans lequel le spectateur s'ennuie prodigieusement en attendant qu'enfin un déclic donne naissance à un début de basculement vers autre chose que du verbiage. 
 
 Malheureusement, chacun le sait, lorsque le réalisateur quitte l'univers de la discutaillerie, c'est pour basculer corps et biens dans celui de la sauvagerie sanglante. Et cette dernière oeuvre n'a aucunement la prétention de faire mentir la tradition. Bien au contraire. Le spectateur complaisant devra donc subir deux derniers actes gorgés de charcuteries en tous genres, dont la seule justification est de se montrer fidèles au goût tarentinien pour le gore bien visqueux et nauséabond. Mais le plus stupéfiant ne réside sans doute pas dans ce constat, que l'on connaît de longue date. Il serait plutôt à découvrir dans certains commentaires de professionnels qui voient dans cette oeuvre des "dialogues intelligents" ou encore une "psychanalyse des Etats-Unis". Preuve que les mots ne revêtent pas la même signification dans toutes les bouches. Mais, après tout, peut-être que "Superman" cache un traité de philosophie mystique majeur, ou que "Baby sitting 2" constituera dans quelques années un traité de psychanalyse remplaçant avantageusement ceux de Jung... 
 
 Un scénario rachitique, une approche de l'humanité aussi extrémiste que révulsante de l'humanité, et, surtout, quel pensum !
   
Bernard Sellier