99 Homes, film de Ramin Bahrani, commentaire

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99 homes,
               2014, 
 
de : Ramin  Bahrani, 
 
  avec : Andrew Garfield, Michael Shannon, Laura Dern, Noah Lomax, Randy Austin, Doug Griffin,
 
Musique : Antony Partos, Matteo Zingales

  
 
La spéculation immobilière a été particulièrement développée en Floride. Mais lorsque la crise survient, des milliers de familles ne sont plus en mesure de payer leurs prêts hypothécaires, et se voient mises à la rue, leurs maisons confisquées par les banques. Rick Carver (Michael Shannon) est un ancien agent immobilier qui s'est reconverti dans l'expulsion des "mauvais payeurs". Un jour, c'est au tour de Dennis Nash (Andrew Garfield), qui vit avec sa mère Lynn (Laura Dern) et son fils Connor (Noah Lomax), de se voir expulsé... 
 
 Les cinq premières minutes, bouleversantes et glaçantes, donnent toute la dimension du drame vécu par des millions d'Américains, pris en tenaille entre les banquiers véreux, et les pourritures (Michael Shannon est à ce titre grandiose dans l'abjection) qui profitent aussi bien des failles du système que des lois scélérates pour se bâtir une fortune indécente. Mais à côté de ceux qui, précipités dans un abîme sans espoir, choisissent la soumission, la révolte, voire le suicide, le récit se focalise sur un homme qui, pour survivre, va choisir de servir le système, de mettre sa conscience en veilleuse, pour devenir l'exécuteur des basses oeuvres d'un margoulin criminel. 
 
 Servi par deux acteurs intensément ancrés dans leurs personnalités respectives, le drame se développe de manière linéaire, implacable, souvent poignante, parfois nébuleuse pour qui n'est pas versé dans les magouilles financières, jusqu'à un dénouement somme toute prévisible. Mais il décortique avec efficacité aussi bien la rage de surnager quotidiennement que la difficulté extrême de survivre en choisissant une voie contraire à sa conscience, même si les motivations (en l'occurrence le devenir de la famille) paraissent louables. Ou comment le rêve américain revêt des allures de cauchemar standardisé et légalisé...
   
Bernard Sellier