À l'épreuve du feu, film de Edward Zwick, commentaire

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À l'épreuve du feu,
        (Courage under fire),      1996, 
 
de : Edward  Zwick, 
 
  avec : Denzel Washington, Meg Ryan, Lou Diamond Phillips, Bronson Pinchot, Scott Glenn, Matt Damon,
 
Musique : James Horner


 
La première guerre du Golfe. Nathaniel Serling (Denzel Washington) est colonel dans une unité de chars. Au cours d'un engagement violent avec les forces irakiennes, il fait tirer par erreur sur un char allié dans lequel se trouvait son ami Boylar (Tim Ransom). Six mois ont passé. Il est de retour aux Etats-Unis, et tente vainement d'oublier ce drame dans l'alcool. Le General Hershberg (Michael Moriarty) le charge de fournir un rapport sur le capitaine Karen Emma Walden (Meg Ryan), morte au combat, afin que le gouvernement lui décerne la médaille d'honneur pour action d'éclat. Il commence son enquête en interrogeant les soldats sauvés par l'intervention du capitaine, puis les propres hommes de celui-ci, en particulier Ilario (Matt Damon) et le Sergent Monfriez (Lou Diamond Phillips). Mais les rapports sur l'attitude de la jeune femme pendant le combat diffèrent foncièrement...  
 
 Lorsque débute le film, avec documents d'époque montrant le Président Bush père prônant la croisade anti Saddam Hussein, puis avec l'encouragement drapeautique que prodigue le Colonel Serling à ses hommes avant l'engagement, on peut légitimement craindre le pire. A savoir une histoire de sacrifices flamboyants exécutés dans l'enthousiasme patriotique de la grande justice américaine. Heureusement, il n'en est rien, et, très rapidement, se révèle la véritable voie qu'emprunte ce double drame. Celle de la description sans concession du pouvoir destructeur de la guerre, que ce soit dans le combat lui-même, ou, ce qui est presque pire encore, dans les suites traumatisantes qui rongent les corps et les âmes aussi inéluctablement que le cancer le plus virulent. Par le biais d'un sujet a-priori sans grand intérêt : un désir gouvernemental de remonter le moral de la population en encensant l'un de ses morts à la guerre, nous descendons progressivement dans les abîmes du désespoir et de la culpabilisation qui consument Serling aussi bien que les hommes du capitaine Walden. Le titre original du film, "Courage sous le feu", pourrait se doubler d'un second : "courage devant la vérité". Tout le sujet du film réside en effet dans la quête d'une rédemption grâce à la recherche de l'authenticité. Celle des faits, comme c'est le cas pour le drame qu'ont vécu Walden et ses hommes, mais aussi de l'authenticité intérieure, la seule issue qui soit capable de tirer Nathaniel hors de la spirale mortelle de l'auto-destruction. A ce titre, Denzel Washington se révèle encore, si besoin était, un acteur d'une profondeur dramatique exceptionnelle dans une une sobriété exemplaire, et la scène qui le place face aux parents du soldat Boylar est un moment magnifiquement émouvant. 
 
 Ce n'est pas une mince surprise que de découvrir, en capitaine controversé, une Meg Ryan plus habituée aux rôles de comédie, et à peine sortie de "Nuits blanches à Seattle" ou autres "French kiss". Son personnage n'est ici qu'une image disparue, dont la réalité fluctue au gré du souvenir de chaque interlocuteur, et sa prestation ne détonne aucunement. 
 
 Passionnant.
   
Bernard Sellier