L'absente, Série, série de Delinda Jacobs, commentaire

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L'absente,
       Série,     2021 
 
de : Delinda  Jacobs..., 
 
avec : Thibault de Montalembert, Clotilde Courau, Olivier Rabourdin, Marie Denarnaud, Lionel Erdogan,
 
Musique : Loïc Ouaret


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série...

 Une fillette de dix ans, Marina Masson (Juliane Lepoureau) a disparu en 2009 près de Dunkerque. Ses parents, Hélène (Clotilde Courau) et Laurent (Thibault de Montalembert) se sont séparés. Onze ans plus tard, une jeune fille est retrouvée blessée et amnésique sur une route. Hélène est persuadée qu'il s'agit de Marina, et les tests ADN lui donnent raison. Mais la capitaine de police Victoire Eberhart (Marie Denarnaud) subodore que la revenante cache des informations. Quant à Éléonore (Fantine Harduin), petite soeur de la disparue, elle est convaincue qu'il ne s'agit pas de Marina... 
 
 
 Une belle distribution pour cette nouvelle série française sur fond de disparition et/ou d'enlèvement. Si l'on excepte une enquêtrice de police enceinte jusqu'aux yeux, les autres personnages sont, a priori, assez classiques. Laurent, bien qu'ayant refait sa vie avec Selma (Laëtitia Eïdo), est dévasté et cherche avec acharnement qui a pu faire disparaître sa fille. Hélène a survécu tant bien que mal grâce à la présence de son fils Loïc (Lionel Erdogan) et de sa plus jeune fille, Éléonore. Paul Constante (Olivier Rabourdin), le policier responsable de la première enquête inaboutie, rumine son échec. Le retour plus qu'inattendu de la disparue devrait apporter un peu de paix à tout ce petit monde, mais on se rend vite compte qu'il y a un gros mystère derrière le comportement plus qu'ambigu de Marina.

 Au fur et à mesure que les épisodes défilent, l'énigme s'épaissit tout en développant la psychologie des personnalités qui entourent Hélène et Laurent. L'atmosphère sauvage, maritime, brumeuse, participe grandement, aussi bien de manière esthétique que sombrissime, à entourer ce drame à multiples entrées d'un brouillard opaque. La noirceur se retrouve aussi, hélas, dans un grand nombre de scènes qui baignent dans une obscurité parfois agaçante, au point qu'on se demande plus d'une fois si les mandarines et les boîtes à lumière étaient en panne sur le lieu de tournage. Cette manie du noir presque absolu, que l'on retrouve dans nombre de série, et qui ici se renouvelle avec une fréquence élévée, devient franchement pénible. Elle finirait même par handicaper l'intérêt pourtant réel que le spectateur porte à cet embrouillamini traumatisant.

 Heureusement les trois derniers épisodes rétablissent une véritable dramaturgie et une urgence renforcée par le jeu intense des comédiens. Avec une mention spéciale pour Thibault de Montalembert, émouvant, crédible et puissant dans sa quête de vérité. Et ce qui couronne peut-être la qualité scénaristique et dramatique de cette oeuvre, c'est le fait d'avoir eu le courage de ne pas céder à la tentation du rebondissement final explosif, qui fait normalement partie des passages obligés dans ce genre de scénario. Ici, tout est dit dans l'avant-dernier épisode. Le huitième et ultime est entièrement consacré à la reconstruction intime des membres de la famille et des proches. Ces résiliences sont observées avec une sensibilité qui n'exclut jamais le réalisme et la vérité intérieure de chacun. Et la lecture du magnifique poème de Rudyard Kipling est le symbole de cette intelligence du coeur qui est ici un bain de jouvence en harmonie parfaite avec l'apaisement des souffrances. 

 Tous les personnages majeurs (Laurent, Hélène, Alexandra, Paul), ou même secondaires (Éléonore, Loïc, Selma...), sont d'une richesse rare, ce qui fait de cette série française une réussite de première grandeur.
   
Bernard Sellier