1560. Pizarre (Alejandro Repullés) a balayé la civilisation inca. Il part à la recherche d'un royaume mythique, l'Eldorado. Mais sa progression dans l'Amazonie est difficile. Il envoie une quarantaine d'hommes, commandés par Don Pedro de Ursua (Ruy Guerra), en éclaireurs. Le commandant en second, don Lope de Aguirre (Klaus Kinski) ne tarde pas à contester les ordres de don Pedro... Voilà un film mythique (lui aussi !) passé à la postérité surtout pour l'incarnation hallucinée que livre Klaus Kinski. Et encensé par la critique ( voir la page Allociné qui lui est consacrée ). C'est donc avec un a priori très positif que j'ai visionné cette oeuvre pour la première fois. Et la stupéfaction n'est pas mince ! Tout d'abord, ce choix du 4/3 pour une fresque qui se veut spectaculaire. C'est étrange et inquiétant. Nous sommes tout de même en 1972, pas à la préhistoire du cinéma ! Les premiers plans, visuellement impressionnants, et tournés, paraît-il aux abords du Macchu Picchu, sont étriqués, bien éloignés de l'ampleur que l'on pourrait en attendre. Accompagnés, qui plus est, par une musique lancinante qui se fait vite horripilante. C'est un euphémisme que de dire que l'affaire commence mal. Puis l'aventure débute. Les scènes sur le fleuve sont saisissantes. Le tournage n'a pas été une partie de plaisir, le fait est connu. Mais, une fois passé cet épisode, nous retrouvons la terre ferme. Et les séquences s'enfilent, souvent statiques, parfois comme détachées les unes des autres. Les drames commencent à poindre, Don Pedro se fait tirer dessus sur ordre d'Aguirre, et la réaction de sa femme, Inez (Helena Rojo), correspond à celle qu'elle pourrait avoir s'il s'était fait piquer par un moustique. Flores (Cecilia Rivera), la fille d'Aguirre embarquée dans cette galère, doit prononcer trois mots en tout et pour tout et n'affiche rigoureusement aucune expression, même quand elle se fait trucider ! Quant à la voix off qui accompagne cette expédition, toujours atone, elle semblerait plus adaptée à un documentaire sur le jardinage. Peu à peu, Aguirre sombre dans un délire mégalomaniaque qui ne manque pas de force. Son regard vitreux halluciné impressionne. Mais à côté de cela, l'ennui, voire même un sourire gêné devant les postures théâtrales adopétées par les soldats, saisit mortellement le spectateur, tandis que les fléches déciment un à un les hommes de l'expédition. C'est plus que jamais statique, faussement grandiloquent, parfois à la limite du ridicule, et jamais épique. A croire que nous n'avons pas vu le même film que les critiques qui l'encensent !