Alleluia, film de Fabrice du Welz, commentaire

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Alleluia,
         2014, 
 
de : Fabrice  du Welz, 
 
  avec : Lola Duenas, Laurent Lucas, Héléna Noguerra, Anne-Marie Loop, Edith le Merdy,
 
Musique : Vincent Cahay


 
Gloria (Lola Duenas) est une femme solitaire qui vit modestement de son travail à la morgue avec sa fille, Monique (Sorenza Mollica). L'une de ses amies la pousse à accepter la rencontre avec Michel (Laurent Lucas), contacté par Internet. Gloria accepte et commence une brève liaison. Mais elle s'aperçoit très vite que Michel est un petit escroc qui vit en séduisant les femmes pour leur soutirer de l'argent... 
 
 L'univers du réalisateur, comme en témoigne son film le plus connu, "Calvaire", ne fait pas dans le genre rose bonbon. Inspiré du parcours sanglant des deux tueurs américains qui ont sévi dans les années cinquante, le scénario, secondé par une réalisation en osmose complète, plonge le spectateur dans un cauchemar sauvage et brutal, à défaut d'afficher une réelle authenticité psychologique. Mais ce n'est assurément pas là une préoccupation majeure pour Fabrice du Welz, qui a choisi, comme Alexandre Aja, de développer sur pellicule les débordements les plus barbares de la nature humaine. Il faut donc, d'abord, admettre que cette jeune mère célibataire timide, effacée, falote, attachée à sa fille, va brusquement, suite à deux ou trois nuits de sexe, se métamorphoser en une harpie hystérique assoiffée de sang. Ce n'est pas impossible puisque, de toute manière, nous n'apprendrons quasiment rien sur les errements et les pathologies de sa vie antérieure. Michel, quant à lui, est un faible vicieux, incarné encore une fois par Laurent Lucas, déjà présent dans "Calvaire". Laide, granuleuse, sombre, la photographie se montre en accord avec la noirceur générale, tandis que la mise en scène, qui se fait parfois frénétique, use (voire abuse) des gros plans et des fouillis visuels. Reste un style personnel, parfois surprenant (Gloria entonnant une complainte d'amour devant le cadavre de l'une de ses victimes), et un couple saisissant d'horreur dans son mélange de barbarie et d'inconscience humoristique.
   
Bernard Sellier