Christian (Dar Salim) vit avec sa femme Leonora (Sonja Richter) et leur fils Johan (Milo Campanale). Elle découvre un jour que son mari entretient une liaison avec une architecte qui travaille dans l'entreprise familiale, Xenia (Sus Wilkins). Leonora veut pousser son mari à rompre, mais il n'a pas le courage de le faire...
Une histoire d'adultère avec les inévitables mensonges, manipulations, colères, règlements de comptes avortés... Rien a priori de très original et l'entrée en matière de l'histoire ne fait guère d'étincelles. La mise en place des situations et des personnages se révèle assez plate et l'artificialité, tant dans les paroles que dans les gestes ou les réactions, semble bien partie pour envahir le récit. Pourtant, petit à petit, la donne évolue de manière positive. Les personnages, très monolithiques au départ (le mari volage, l'épouse bafouée), quittent progressivement leur gangue originelle pour développer des pulsions et un pouvoir manipulateur insoupçonnés. C'est en particulier manifeste pour Leonora, qui abandonne peu à peu sa position de victime pour endosser la carapace d'une femme calculatrice et particulièrement violente. L'intérêt de l'histoire réside avant tout dans cette évolution psychologique, ainsi que dans la manière dont l'histoire nous est contée. La réalisatrice a en effet choisi un processus narratif utilisé jadis, quasiment dans le même contexte, par Danny de Vito dans sa jouissive «Guerre des Rose». Dans le cas présent, ce n'est pas un avocat qui expose à la future mariée les dangers qui menacent les couples, mais un père, enquêteur ayant suivi le drame de Christian, qui met en garde sa fille, juste avant que celle-ci ne convole en justes noces. Une amoralité générale baigne cette tragédie intimiste, avec un dénouement qui laisse perplexe. Intéressant, mais dommage que l'interprète de Christian ne se montre pas plus expressif.