Arlington road, film de Mark Pellington, commentaire

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Arlington road,
       1998, 
 
de : Mark  Pellington, 
 
  avec : Jeff Bridges, Tim Robbins, Joan Cusack, Hope Davis, Robert Gossett, Spencer Treat Clark, Mason Gamble, Stanley Anderson, 
 
Musique : Angelo Badalamenti

  
 
Michael Faraday (Jeff Bridges) enseigne l'histoire à l'université. Il est passionné par le terrorisme et les différentes manières dont celui-ci est pratiqué. Sa femme, Leah, membre du FBI, a été tuée quelques années plus tôt au cours d'une mission ratée à laquelle avait participé un de ses collègues, Whit Carver (Robert Gossett), survivant de l'expédition. Michael entretient désormais une relation avec une de ses élèves, Brooke Wolfe (Hope Davis), et élève son fils Grant (Spencer Treat Clark). Un jour, Michael sauve la vie d'un jeune garçon, Brady (Mason Gamble), grièvement blessé en jouant avec des feux d'artifices. L'adolescent est le fils de Oliver (Tim Robbins) et Cheryl Lang (Joan Cusack), des voisins récemment installés sur Arlington road... 
 
 Après un bref pic dramatique en ouverture, l'histoire semble s'enfoncer dans le train train tranquille d'une banlieue sans histoires. Durant la première demi-heure, le spectateur se demande même où le scénario veut en venir, tant celui-ci avance masqué, sans direction clairement définie. Puis, petit à petit, la transparence illusoire gagne en opacité, et c'est avec une maestria diabolique que le drame prend ses véritables marques, révélant une manipulation stupéfiante et profondément déstabilisante, tout en se précipitant vers un final aussi bouleversant que sinistre. Si Jeff Bridges est toujours impeccable en intellectuel torturé, oscillant sans cesse entre affabulation et quête du fait réel, imbibé jusqu'à l'overdose de psychose sécuritaire, c'est Tim Robbins qui se révèle l'âme profonde de l'oeuvre, tout en dissimulation et en onctuosité doucereuse. Certes, leur face à face ne tient pas toutes les promesses qu'il était légitime d'attendre, mais il est impossible, après avoir quitté la vision de ce qui semble n'être qu'une intrigue imaginaire et préfabriquée, de ne pas repenser à la tragédie postérieure du 11 septembre, et aux multiples interrogations que le rapport officiel laisse étrangement dans l'ombre. Il peut être judiecieux, à ce sujet, de (re)voir les différents films qui ont été produits depuis ces événements, et qui, tous, mettent en exergue les lacunes, voire les aberrations, de la théorie gouvernementale. ("Confronting the evidence", "Loose change", "Zeitgeist"...). 
 
 Une œuvre imparfaite, mais par certains aspects indispensable et terrifiante.
   
Bernard Sellier