L'arme fatale 4, film de Richard Donner, commentaire

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L'arme fatale 4,
      (Lethal weapon 4),          1998, 
 
de : Richard  Donner, 
 
  avec : Mel Gibson, Danny Glover, Chris Rock, Joe Pesci, Rene Russo, Jet Li, Darlene Love,
 
Musique : Michael Kamen, Eric Clapton

 
 
Après avoir mis hors d'état de nuire (grâce au caleçon à fleur de Roger !) un fou déguisé en robot et armé d'un lance flammes, Martin Riggs (Mel Gibson) et son collègue Murtaugh (Danny Glover), toujours flanqués de Leo Getz (Joe Pesci), prennent un repos bien mérité en pêchant de nuit dans le port de Los Angeles. Soudain, surgit un énorme bateau et des coups de feu claquent à bord. Ni une, ni deux, les compères investissent le navire, ce qui n'est guère de tout repos, puisque Riggs se voit rossé par un Oriental adepte des arts martiaux et que la coque de noix de Murtaugh coulesans espoir de récupération. Dans la cale : 400 Chinois qu'une organisation inconnue s'apprêtait à disséminer, munis de faux papiers parfaitement en règle. Accompagnés du détective Lee Butters (Chris Rock), les deux inséparables rendent une petite visite non courtoise à Oncle Benny Chan (Kim Chan), qu'ils soupçonnent d'être impliqué dans ce trafic. Ils découvrent chez lui un étrange et inquiétant personnage, Wah Sing Ku (Jet Li)... 
 
 Film policier ou pantomime ? Avec le temps qui passe, il est de plus en plus légitime de se poser la question. Ce qui est certain, c'est que l'épopée des deux compères se clôt, définitivement sans doute, sur une photo de famille radieuse, comme pourrait le faire n'importe quelle comédie hollywoodienne. Riggs est devenu père, Murtaugh, grand-père, et malmenés de toutes parts par des jeunes en pleine possession de leurs moyens, les deux héros sont à l'évidence "trop vieux pour ces conneries". Peut-être la lassitude a-t-elle également contaminé l'équipe réalisatrice et créatrice, car l'entreprise glisse de plus en plus sur la pente dangereuse du vide routinier. L'intrigue de base n'a quasiment plus d'intérêt, ou, tout au moins, celui-ci ne transparaît guère à l'écran. Le remplissage de la partie substantielle se fait donc grâce à des ingrédients connus : les délires de l'inénarrable Leo, plus logorrhéique que jamais, les quelques séquences mouvementées indispensables, les plaisanteries habituelles de Riggs, et la présence du jeunot Butters (source inépuisable de jeux de mots bien gras, évidemment !) qui tire l'ensemble vers le vaudeville et ses quiproquos inévitables. Mais tout cet amalgame ressemble beaucoup à un plat dont on aurait versé tous les ingrédients au hasard, en espérant que la cuisson rendra le mélange goûteux. Il est indéniable que ce tandem, particulièrement charismatique, ne peut que dérider, tant la juxtaposition générée d'éléments a priori incompatibles, est réussie. Cependant, à la quatrième mouture, il serait quand même bon de pimenter un tant soit peu la soupe. C'est ce que tente de faire l'introduction du personnage de Jet Li, impressionnant de flegme et de sauvagerie froide. Il est à vrai dire, le seul intérêt majeur de cette dernière aventure. Malheureusement, son introduction le réduit à l'état de tueur barbare nécessaire pour réveiller les scènes de combat, mais dépourvu d'épaisseur dramatique, laissant à l'ensemble une saveur prononcée de farce policière, où même la scène de torture devient un éclat de rire général.
   
Bernard Sellier