A l'aube du 6ème jour, film de Roger Spottiswoode, commentaire

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À l'aube du sixième jour,
      (The 6th day),       2000, 
 
de : Roger  Spottiswoode, 
 
  avec : Arnold Schwarzenegger, Robert Duvall, Michael Rapaport, Tony Goldwyn, Michael Rooker, Sarah Wynter,
 
Musique : Trevor Rabin

 
 
Adam Gibson (Arnold Schwarzenegger) est pilote d'hélicoptère dans un futur proche. Un jour, il doit véhiculer sur les pistes de ski un milliardaire, Michael Drucker (Tony Goldwyn), mais, pour un motif personnel, se fait remplacer par son coéquipier, Hank Morgan (Michael Rapaport). Par malheur, les deux hommes sont assassinés. Rentré le soir chez lui, il a la stupéfaction d'y voir une réplique de lui-même, fêtant son anniversaire avec sa femme et sa fille. Comble de malchance, des tueurs sont lancés à ses trousses pour une simple raison : croyant qu'il était mort dans l'après-midi, de mystérieux manipulateurs l'ont remplacé par son clone. La duplication humaine étant formellement interdite, il a été témoin de ce qu'il n'aurait jamais dû savoir : l'existence d'une fabrication de doubles humains. Il n'est pas au bout de ses surprises... 
 
 Surfant sur la vague inquiétante des projets de clonage annoncés à grand renfort de publicité par quelques allumés, Roger Spottiswoode s'engouffre dans un monde mi réaliste, mi fantaisiste où les enfants reçoivent comme cadeau des poupées logorrhéiques ou des animaux dupliqués, et où le réfrigérateur vous informe qu'il faut acheter d'urgence du lait... Après tout, cela risque bien de nous arriver dans pas longtemps. Le film est un mélange un peu hétéroclite de bande dessinée, de réflexions philosophiques (sur la mort, la douleur de la perte d'un être aimé, le rôle de la mémoire dans la construction de la personnalité, l'apparence et la réalité), d'humour et d'action brouillonne. Cela fait beaucoup, d'autant plus que pas une des composantes n'est vraiment convaincante ou enthousiasmante. Les poursuites sont quelque peu lassantes et tiennent plus du jeu video que du film policier. Les considérations fondamentales ont le mérite d'exister, mais demeurent bien superficielles. L'ironie réserve quelques moments amusants, tels l'irruption dans le commissariat d'une avocate et d'un psychologue virtuels, le répondeur d'accueil des urgences qui vous laisse le temps d'être assassiné dix fois avant de vous passer la personne concernée, ou encore la concurrence des deux Adam Gibson. Mais tout cela demeure quand même passablement lourdaud, à l'image d'un Schwarzie qui a l'âge de ses artères.  
 
 Demeure un scénario assez bien construit, réservant quelques bonnes idées dont la folie fait frémir (l'implantation d'anomalies congénitales dans les clones afin de limiter leur durée de vie au cas où ils se montreraient désobéissants, le remplacement discret de politiciens par leurs doubles afin de tirer les ficelles politiques sans problèmes, le modelage des souvenirs suivant les besoins du concepteur...) et quelques images qui se gravent dans la mémoire, tels ces moules corporels baignant dans une sorte de liquide amniotique et attendant de recevoir le "neurodisque" qui leur intégrera la mémoire de leur future personnalité. 
 
 Un sujet passionnant, malheureusement tiré vers le bas par un traitement clipesque et dénaturant.
   
Bernard Sellier