Ave César, film de Joël Coen et Ethan Coen, commentaire

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Ave Cesar,
       (Hail Cesar),       2016, 
 
de : Joel  Coen, Ethan  Coen, 
 
  avec : Josh Brolin, George Clooney, Alden Ehrenreich, Ralph Fiennes, Tilda Swinton, Scarlett Johansson, Channing Tatum, Frances McDormand,
 
Musique : Jacques Offenbach, Carter Burwell

  
 
Eddie Mannix (Josh Brolin) travaille pour la compagnie cinématographique Capitol Pictures. Son travail consiste à résoudre tous les problèmes qui se posent sur les lieux de tournage. Par exemple, trouver un moyen de sauver la réputation de DeeAnna Moran (Scarlett Johansson), qui attend un enfant sans être mariée, ou encore retrouver la vedette d'un péplum, Baird Whitlock (George Clooney), qui a subitement disparu... 
 
 Cette nouvelle création atypique des frères Coen laisse perplexe. Tout d'abord en raison de l'absence de trame narrative. Le film visite les diverses situations qui se présentent à un instant T. Nous assistons donc à un panel éclectique, qui baguenaude entre mise au pas des journalistes fouineuses ( les deux soeurs jumelles, Thora & Thessaly Thacker, incarnées par Tilda Swinton valent leur pesant de pop corn ! ), émergence de l'attrait du communisme, calvaire d'un metteur en scène, Laurence Laurentz (Ralph Fiennes) aux prises avec un acteur nullissime Hobie Doyle (Alden Ehrenreich)... Bref, tous les aléas qui peuvent survenir dans une gigantesque entreprise de rêve sur pellicule. Fidèles à leur goût de la dérision, les réalisateurs choisissent l'humour, voire l'ironie, pour habiller ces moments ordinaires, qui, dès lors, prennent une tournure bouffonne, et parfois hilarante. Les réunions des différents représentants des religions, et l'assemblée des communistes exposant leur idéologie, ne manquent pas de piquant. 
 
 Pourtant, si les différentes saynètes, prises isolément, se montrent assez réussies, tant visuellement (le ballet des sirènes ou encore celui des marins dans le bar), que humoristiquement, leur assemblage laisse cruellement à désirer et ne manque pas de déconcerter. De même que l'ambition des frères Coen en composant ce patchwork. Quelle est leur intentionnalité avec ce qui ressemble à la fois à une satire ( la plupart des intervenants sont assez pitoyables ) et à une célébration du septième art ( le spectacle continue malgré tous les écueils, le rêve et l'imaginaire sont rois... ) ? Il y a un goût d'inachevé, de presque dérisoire, dans cet éventail de petites fresques colorées, sémillantes, souvent amusantes, mais qui n'empêchent nullement le spectateur de s'écrier : "Quoi ? C'est tout ? Tout ça pour si peu de résultat ?" lorsque le générique de fin commence à se dérouler. Il faut pas mal d'imagination pour déceler la "déclaration d'amour au cinéma" que certains critiques ont célébrée...
   
Bernard Sellier