Barry Seal, film de Doug Liman, commentaire

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Barry Seal : american traffic,
       (American made),       2017, 
 
de : Doug  Liman, 
 
  avec : Tom Cruise, Domhnall Gleeson, Sara Wright, Lola Kirke, Caleb Landry Jones, Jesse Plemons,
 
Musique : Christophe Beck


 
Septembre 1978. Le commandant de bord Barry Seal (Tom Cruise) profite de ses voyages aériens pour opérer un trafic de cigares cubains. Il est un jour contacté par un agent de la CIA, Monty Shafer (Domhnall Gleeson), qui lui propose d'effectuer des vols en Amérique Centrale, afin de photographier les rebelles qui sont plus ou moins à la solde des communistes. Barry se transforme donc en espion jusqu'au jour où il rencontre Pablo Escobar et ses 'amis'... 
 
 Cette aventure, soigneusement adaptée au profil baroudeur de Tom Cruise, et inspiré d'événements authentiques, n'est pas vraiment à la gloire des Etats Unis. Il n'y a d'ailleurs pas beaucoup d'actions, dans le parcours historique de la CIA, qui soit susceptible de redorer le blason des Services Secrets en général. Mais l'attitude générale des productions cinématographiques actuelles est de condamner sans ambages ce genre de dérives criminelles. On ne peut bien sûr que s'en féliciter en tant qu'humain responsable. Mais, dans le cas présent, c'est une toute autre paire de manches ! 
 
 Car voici que, dans un style léger, primesautier, nous est présenté un personnage parfaitement vénal, dépourvu de toute espèce de conscience, qui n'est intéressé que par le nombre de valises de billets qu'il accumule. Et le dit personnage travaille pour des employeurs d'état tout aussi dévoyés, sans qu'une seule fois soit présenté par l'histoire le moindre point de vue critique de cette situation. Barry navigue dans ces entreprises perverses avec une désinvolture aussi insolente qu'inconsciente, arborant un sourire Gibbs quasi permanent, se fichant totalement des milliers de victimes que génèrent ses transports de cocaïne ou d'armes. Quant aux 'responsables' des Services Secrets, en particulier Monty Shafer' doté d'une promotion à la fin du programme 'Barry Seal', ils se montrent tout aussi insensés, mais, bien entendu, c'est pour la 'bonne cause', à savoir la grandeur des USA... Et le spectateur un tantinet lucide ne peut que se montrer abasourdi par l'absence totale de regards critiques, tant humains qu'historiques, affichée effrontément par l'oeuvre. Même les plus primaires des polars purs et durs n'ont souvent pas le culot d'éluder totalement les états d'âme de leurs protagonistes. Cerise sur le gâteau, si l'on peut dire, force est de reconnaître que, sur le plan purement narratif, les péripéties qui nous sont offertes ( une succession ininterrompue d'allers retours dans les airs, ponctués de quelques épisodes dramatiques rapidement expédiés ) ne présentent pas un intérêt majuscule. Loin de là ! 
 
 Le véritable Barry Seal possédait-il cette personnalité à la fois vénale, inconsciente et égocentrique ? Nous n'en avons pas la moindre idée. Ce qui est sûr, c'est que le film qui lui est consacré réussit l'exploit de se montrer à la fois insignifiant et nauséabond.
   
Bernard Sellier