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Black space,
       Saison 1,     2016, 
 
de : Anat  Gafni, 
 
  avec : Guri Alfi, Assi Levy, Reut Alush, Noam Karmeli, Liana Ayoun, Meirav Shirom,
 
Musique : Daniel Markovich

  
 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 Le jour de la cérémonie du souvenir, plusieurs individus armés pénètrent dans le lycée Héritage et ouvrent le feu sur les étudiants de terminale, seuls présents. Rami Davidi (Guri Alfi), ancien membre des forces spéciales, arrive sur les lieux et entre dans l'établissement avec quelques policiers. Ils arrêtent trois ouvriers palestiniens, soupçonnés d'être les tueurs. Mais ils ne découvrent pas les armes. Rami est persuadé que les meurtriers font partie des élèves... 
 
 Étrange création que ce drame situé dans le milieu étudiant, mais aussi dans un pays où le terrorisme est perçu ou redouté chaque fois qu'une tuerie de ce genre survient. D'un côté, il adopte les codes des thrillers américains ou nordiques, avec un personnage principal quasiment désincarné, traumatisé, (il esquisse peut-être un sourire durant une demi-seconde), qui a perdu un œil lors d'une agression durant sa vie étudiante. Dans le cas présent, il n'est pas sur le point de divorcer comme dans la plupart des films du genre, mais il s'intéresse beaucoup moins à la naissance prochaine de sa fille qu'à l'enquête dont il est chargé et qui l'obsède. Pour se conformer aux canons  habituels, l'homme se montrera ingérable, agressif, et se fera retirer la gestion de l'affaire. Classique.

 D'un autre côté, nous avons souvent l'impression d'assister à un quasi documentaire, surtout dans les premiers épisodes. Le récit aligne des scènes prises sur le vif, des instantanés de vie privés de construction scénaristique apparente, sans se donner la peine de prendre le spectateur en considération en lui fournissant un minimum d'éléments pour se retrouver dans cette foule d'adolescents. Il faut attendre la fin de la première moitié pour que l'intrigue se recentre sur une dizaine de personnages et commence à éclaircir les rancœurs et pathologies psychologiques de chacun. C'est bien long et pas toujours enthousiasmant. On apprécie la sécheresse générale de la réalisation, qui ne verse jamais dans un sentimentalisme facile. Mais le dénouement, sur fond de harcèlement, de culpabilités, de lâchetés, de compromissions, d'absence de liens familiaux, apparaît relativement fade ou tout au moins bien prosaïque et conventionnel. 

   
Bernard Sellier