Black island, film de Miguel Alexandre, commentaire

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Black island,
     (Schwarze Insel),      2021, 
 
de : Miguel  Alexandre, 
 
  avec : Alice Dwyer, Hanns Zischler, Mercedes Müller, Philip Froissant, Sammy Scheuritzel,
 
Musique : Paul Eisenach, Jonas Hofer

   
 Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

 
Amrum est une petite île frisonne de la mer du Nord. Le jeune Jonas Hansen (Philip Froissant) y habite seul avec son grand-père, Friedrich (Hanns Zischler), ancien proviseur du lycée Klaus Mann, depuis que ses parents ont été tués dans un accident de voiture. Une professeure d'allemand, Helena Jung (Alice Dwyer) arrive en remplacement. Elle semble s'intéresser particulièrement à Jonas...
 
 Un décor sauvage qui ne manque pas de charisme et une enseignante énigmatique qui n'arrive nullement par hasard dans ce bout de terre isolé. 'Énigmatique' est d'ailleurs un mot inapproprié, car le spectateur se doute très rapidement de ce qu'elle est venue faire dans ce microcosme. Le film est très mal noté sur IMDB, et, de fait, cette sanction est compréhensible, car le scénario très prévisible de ce drame est sa plus grande faiblesse. On peut légitimement se demander ce qui a poussé les scénaristes (celle qui a co-écrit avec Miguel Alexandre, Lisa Hofer, n'est autre que la jeune femme que l'on découvre lors du dernier plan sur le ferry), à introduire Hélèna dès les premières scènes de meurtre, car une grande partie du mystère est dès lors éventé. D'autant plus que ses regards incendiaires ne laissent planer aucun doute sur ses intentions.

 Cela dit, si l'on parvient à faire abstraction des éléments précédents, tout n'est pas à jeter dans cette sombrissime histoire de vengeance. D'abord parce que Jonas possède une véritable personnalité attachante et sensible. Ensuite, parce que l'évolution des évènements échappe quelque peu à l'image traditionnelle de la vengeance brutale et sanglante que l'on aurait pu imaginer en s'en tenant aux premières scènes. Enfin pour la simple raison que l'un des personnages majeurs disparaît à mi-parcours, et que le classique happy end final nous est épargné. Ce ne sont là que des détails, mais ils permettent à l'oeuvre de s'affranchir en partie des poncifs habituels rencontrés dans le genre. Et l'atmosphère sauvage de l'île participe, pour une part non négligeable, au charme vénéneux de ce drame intimiste.
   
Bernard Sellier