Blade runner, film de Ridley Scott, commentaire

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Blade runner,
        1982, 
 
de : Ridley  Scott, 
 
  avec : Harrison Ford, Sean Young, Rutger Hauer, M. Emmet Walsh, Daryl Hannah, Brion James,
 
Musique : Vangelis

  
 
2019. Los Angeles. Des robots ultra perfectionnés, appelés "répliquants", identiques à des êtres humains, ont été créés depuis quelques années pour travailler dans les stations de l'espace. A la suite d'une rébellion meurtrière, une suppression de ces personnages a été ordonnée. Mais cinq d'entre eux, de la série ultra performante Nexus 6, sont parvenus à regagner la Terre, dirigés par Roy Batty (Rutger Hauer). Rick Deckard (Harrison Ford) est chargé de poursuivre les fugitifs et de les "retirer" de la circulation. Il fait la connaissance de la belle Rachel (Sean Young), employée par la Tyrell Corporation, créatrice des robots... 
 
 Sur le plan strictement formel, "Blade runner" est une incontestable réussite. Du début à la fin, une atmosphère de fin du monde, crépusculaire, noyée par une pluie permanente, des buildings dont la masse indistincte évoque un après-cataclysme, une ville qui paraît phagocytée par des personnages hors du temps, monstrueux ou menaçants, une omniprésence de sons agressifs ou désespérés, mélanges de plaintes et de bruits hostiles, des véhicules futuristes côtoyant les cycles d'un passé englouti, tout cela donne naissance à un vérisme qui n'est pas loin de provoquer la nausée. Rarement film d'anticipation a réussi le pari d'immerger le spectateur de manière aussi envoûtante dans ce qui pourrait être un de nos lendemains. Le soleil a disparu, l'électricité semble à peu près totalement absente. Cette pénombre cauchemardesque n'est traversée fugitivement que par quelques lueurs blanchâtres ou bleutées et par le scintillement de rares néons rougeâtres. C'est carrément oppressant et fétide !  
 
 En revanche, j'avoue n'être guère passionné par le thème et le traitement narratif de cette chasse aux répliquants, éprouver bien de la difficulté à participer émotionnellement à cette errance dans un néant futuriste où les sentiments semblent avoir disparu de la race humaine pour, paradoxe intéressant, réapparaître dans les êtres qui, justement, étaient conçus pour ne jamais éprouver ce type de vibration perturbante. Même si un symbolisme permanent baigne cette aventure a priori basique, même s'il est possible de s'abîmer en réflexions sur les thèmes de la mort, de la mémoire, de la peur, de la filiation, qui imprègnent le drame de Roy et de ses compagnons, tout cela me semble très lointain, beaucoup trop noyé dans une brume tant matérielle que conceptuelle pour atteindre ma sensibilité, et à la limite de l'inintérêt. Demeurent quelques rares moments poétiques où brille particulièrement la scène muette entre Rick et la merveilleuse Rachel, bercée par la musique ensorcelante et magique de Vangelis.  
 
 Une grande œuvre crépusculaire, mais qui ne me touche guère. Et puis, tout de même, une fort mauvaise nouvelle : en 2019, "Coca Cola" sévit toujours...
   
Bernard Sellier