Blood Simple, film de Joel et Ethan Coen, commentaire

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Blood simple,
       1984, 
 
de : Joel & Ethan  Coen, 
 
  avec : John Getz, Frances McDormand, Dan Hedaya, M. Emmet Walsh, Deborah Neumann, Raquel Gavia,
 
Musique : Carter Burwell


 
Abby (Frances McDormand) est mariée avec Julian Marty (Dan Hedaya), propriétaire d'un bar. Celui-ci, las des infidélités de sa femme, la fait suivre par un détective privé, Loren Visser (M. Emmet Walsh). C'est ainsi qu'il apprend qu'elle a passé une nuit avec un de ses employés, Ray (John Getz). Julian se résout à commander le meurtre des deux amants. Visser accepte, mais le processus d'élimination ne se déroule pas exactement comme prévu dans le plan initial... 
 
  Premier film des frères Coen, "Blood Simple" contient déjà en germe les ingrédients des futurs chefs-d'oeuvre ("Fargo") (personnages primaires, voire simplets ; intrigue fondée sur les non-dits et les manipulations ; incursion de grains de sable plus ou moins énormes dans les rouages d'une machine trop huilée pour n'être pas dérapante...), et surtout la manière de les traiter. Dialogues excitants dans leur ingénuité faussement spontanée, individus pitoyables et comparses déjantés qui ressemblent à des insectes tourbillonnant comme des fous autour d'un ruban attrape-mouches avant de s'y coller inexorablement, mélange savamment dosé de peur factice et de construction horlogère aussi ludique qu'implacable... Avec, trônant au milieu de ces hommes enragés et/ou jusqu'au boutistes dans leur connerie agressive, la Reine Frances McDormand, égérie des réalisateurs. Plus belle que jamais (elle n'avait que 27 ans dans ce film qui était aussi son premier !), elle affiche déjà la naïveté à la fois angélique et niaise qu'elle développera pour le plus grand plaisir du spectateur dans les opus suivants. Pourtant, si le scénario est efficace dans sa sobriété ascétique, et si le style non-conformiste des frères Coen est déjà affirmé, le résultat n'est pas totalement enthousiasmant. Il manque encore la couche de folie, le vernis délirant qui transportera certaines oeuvres futures sur les cimes de la jouissance et de l'excitation. Dans le cas présent, une certaine frilosité dans l'outrance, un étirement excessif de certaines séquences, semblent brider une démesure qui ne demande qu'à exploser.
   
Bernard Sellier