Borg McEnroe, film de Janus Metz, commentaire

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Borg vs McEnroe,
       2017, 
 
de : Janus  Metz, 
 
  avec : Sverrir Gudnason, Shia LaBeouf, Stellan Skarsgard, Leo Borg, Scott Arthur, Ian Blackman,
 
Musique : Vladislav Delay, Jonas Struck, Jon Ekstrand, Carl-Johan Sevedag

  
 
Le tournoi de tennis de Wimbledon en 1980. Bjorn Borg, le prodige, y est attendu de pied ferme par un jeune américain aux dents longues et à la langue bien pendue, John McEnroe... 
 
 Pour les cinquantenaires et plus, la nostalgie ne peut manquer de frapper. Tout passionné de tennis garde précieusement en mémoire les matchs épiques menés par Guillermo Vilas, Ivan Lendl, Jimmy Connors, sans oublier, bien sûr, les deux figures majeures qui s'affrontent dans le film. Il est évident que le suspense est réduit à un zéro absolu. C'est donc dans l'analyse psychologique des deux adversaires qu'il faut chercher l'intérêt de cette confrontation qui vit le début de l'envol de McEnroe, même s'il ne réussit pas, lors de cette rencontre, à empêcher Borg de conquérir son cinquième titre. 
 
 Tous les spécialistes ou passionnés de tennis ont gardé en mémoire le tempérament volcanique et irascible de l'américain, ou tout au moins en ont entendu parler. Le spectateur n'apprendra ici rien de révolutionnaire le concernant. Beaucoup plus intéressant à découvrir est le parcours de Bjorn Borg, considéré comme un quasi maître zen, affichant en toutes circonstances une sérénité imperturbable. Car, dans son enfance, le suédois se révélait apparemment une tornade incontrôlable. Au point qu'à plusieurs reprises, son entraîneur Lennart Bergelin (Stellan Skarsgard) sera sur le point de jeter l'éponge. A cette époque, et sans se connaître, les deux futures vedettes possèdent des tempéraments étonnamment semblables. Même rage de gagner, même insubordination chronique, même violence éruptive. 
 
 Puis c'est la fracture. Tandis que McEnroe poursuit son chemin de râleur impénitent, Borg parvient à poser un couvercle inamovible sur son volcan intérieur. Plus aucun jaillissement d'émotions perturbatrices ne se manifestera. Hormis une superstition discrète, que seuls ceux qui l'approchent connaîtront ( même voiture, même chambre d'hôtel... ), c'est un modèle d'équilibre et de paix émotionnelle qui s'offre aux spectateurs. Cette divergence progressive de comportement entre les deux hommes est remarquablement évoquée au fil de nombreux flashback, d'autant plus que l'acteur qui incarne Borg parvient à une osmose totale avec le personnage, aussi bien physiquement que gestuellement. De ce fait, l'incarnation, excellente au demeurant, que donne Shia LaBeouf du bouillant John se voit un peu phagocytée, ce qui est regrettable. 
 
 Le combat de la finale est évidemment le morceau de bravoure attendu, même si l'issue en est connue. Un montage nerveux et une suite de gros plans sur les gestes donne un résultat assez frustrant et surtout une furieuse envie de revoir le véritable affrontement.
   
Bernard Sellier