Brimstone, série de Martin Koolhoven, commentaire

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Brimstone,
        Série,         2016 
 
de : Martin  Koolhoven..., 
 
avec : Kit Harington, Carice van Houten, Dakota Fanning, Guy Pearce, Paul Anderson, Emilia Jones,
 
Musique : Junkie XL


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Liz (Dakota Fanning) est une jeune femme muette. Elle a épousé un homme veuf, beaucoup plus âgé qu'elle, Eli (William Houston). Elle vient en aide aux femmes du village qui accouchent. Mais, lorsque Abigail (Charlotte Croft) perd son bébé, Nathan (Bill Tangradi) considère Liz comme responsable. Le révérend de la paroisse (Guy Pearce) s'en mêle... 
 
 Difficile de résumer cette fresque sombrissime en quatre parties, tant les personnages et leur réalité se découvrent très progressivement au fil du récit. A l'ouverture, celui-ci revêt l'allure d'un western classique, puisque les événements se déroulent à la fin du dix-neuvième siècle, dans une contrée minière ravagée par la cupidité et la violence. Mais, dès le commencement du second chapitre, 'l'exode', les cartes sont chamboulées. Le spectateur comprend assez rapidement que le réalisateur scénariste joue avec la chronologie des événements, un peu à la manière d'Alejandro Gonzales Inarritu dans ses premières oeuvres. Au fur et à mesure que se dévoile sous nos yeux le destin sinistre de Liz, c'est un engrenage terrifiant qui se construit inéluctablement, jusqu'à un dénouement qui laisse le spectateur k.o. Au coeur d'une narration lente, qui semble souvent conventionnelle, avec ses saloons, ses prostituées, ses shérifs véreux, explosent des séquences aussi traumatisantes que bouleversantes dans lesquelles se dessine avec une noirceur absolue la situation cauchemardesque de la femme dans cet univers de mâles abrutis, fanatiques ou machiavéliques. Et, dans ce dernier genre, le révérend incarné avec une férocité glaciale par Guy Pearce, se révèle un monstre inoubliable. Entre les justifications religieuses du début et la prise de conscience finale de sa perdition inéluctable, il manifeste une cruauté, un mépris de la femme, proprement écoeurants, et, parfois, à la limite du soutenable. 
 
 Une question se pose alors, et plusieurs critiques n'ont pas manqué de vilipender le réalisateur sur ce point. Toute cette noirceur, toute cette violence aussi bien physique que psychologique, ne sont-elles pas excessives ? Ne frisent-elles pas parfois une complaisance malsaine ? Peut-être. Mais il est cependant un constat indéniable. Le film de Martin Koolhoven recèle une puissance dramatique exceptionnelle. Il soulève le coeur avec une intensité dévastatrice. Quant à la construction impitoyable qui dessine le cercle karmique infernal dans lequel est emprisonnée la malheureuse héroïne, elle laisse le spectateur en état de choc. 
 
 Une œuvre difficile, choquante, sans doute contestable, quelquefois révoltante, mais dotée d'un impact aussi traumatisant qu'indélébile.
   
Bernard Sellier