Bullitt, film de Peter Yates, commentaire

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Bullitt,
      1968, 
 
de : Peter  Yates, 
 
  avec : Steve McQueen, Jacqueline Bisset, Robert Vaughn, Don Gordon, Robert Duvall, Simon Oakland,
 
Musique : Lalo Schifrin

 
 
San Francisco. Le lieutenant Bullitt (Steve McQueen) est chargé de protéger un truand de Chicago, John Ross, qui doit témoigner devant une commission sénatoriale. Mais l'homme est exécuté et un des hommes de Bullitt est grièvement blessé... 
 
 Cela doit bien faire une trentaine d'années que je n'avais vu ce film devenu mythique grâce à sa poursuite automobile dans les rues pittoresques de San Francisco. Inutile de préciser que les jeunes d'aujourd'hui, habitués à des cascades toujours plus improbables et spectaculaires, trouveront celle-ci bien rustique et datée. Pourtant, elle fait encore son petit effet et réussit même à donner quelques nausées dans certaines descentes rapides. Disons qu'elle garde encore, malgré son demi-siècle, une allure certaine. Mais elle est bien la seule ! 
 
 Car on ne peut que rester atterré devant le reste du film. Une intrigue dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est aussi banale que peu palpitante. Des personnages quasiment transparents, dont on ne sait quasiment rien et dont l'épaisseur psychologique ne dépasse pas celle d'un cheveu. Un manque criant d'atmosphère et de tension, avec une galerie de figures qui occupent la place que le scénario leur a attribuée sans qu'aucune densité susceptible d'accrocher le spectateur ne vienne pimenter leur parcours. Un Robert Vaughn dont la personnalité trouble est terriblement sous employée. Quant à la radieuse Jacqueline Bisset, elle ne fait que de la figuration. S'il n'y avait pas Steve McQueen et son charisme naturel, ce serait à désespérer. 
 
 C'est dans cette révision de certains "classiques" que l'on prend conscience de l'abîme qui s'est creusé depuis deux décennies dans notre perception des films d'action. Les responsables principales sont les séries. Mais même dans les longs métrages de série B ou C, les scénaristes tentent de donner à leurs personnages un minimum d'épaisseur. Une épaisseur totalement absente ici...
   
Bernard Sellier