Janvier 2011 au Caire. La révolte populaire gronde. Une jeune chanteuse, Lalena (Rebecca Simonsson) est retrouvée assassinée dans une chambre de l'hôtel Hilton. Une femme de chambre soudanaise, Salwa (Mari Malek) a vu un homme en sortir. Le commandant de police Noredin Mostafa (Fares Fares) est chargé de l'enquête... Enfin, si l'on peut dire ! Car très rapidement, comme par enchantement, la conclusion policière est que la jeune femme s'est égorgée elle-même. C'est en effet un constat aussi accablant que sombrissime qui est posé par le scénariste réalisateur sur un état gangrené à tous les étages, en pleine déliquescence sociale, morale et politique. La corruption fleurit partout, au point que Noredin, devenu Colonel par enchantement, est contraint de payer des collègues pour avoir le droit d'embarquer l'homme qu'il vient d'arrêter. Nous sommes à mille lieues des enquêtes policières à la mode Hollywood, et c'est du côté de 'Que Dios nos perdone' qu'il faut chercher un cousinage évident. Même atmosphère glauque, mêmes personnages en perdition, même 'héros' mutique et ténébreux, englué dans ses magouilles, pour lequel il est bien difficile d'éprouver une quelconque empathie. Mais cette distance ne grève en rien la vigueur de l'exploration sociale et la puissance dramatique de l'oeuvre. Dès le début, le spectateur devine que le crime, l'enquête, ne sont que des prétextes superficiels pour explorer, disséquer un tableau sociétal étouffant, désespérant, ainsi qu'un moment clé de l'histoire égyptienne. Et ce n'est pas le dénouement sur fond de cris 'Liberté', qui éclaire un tant soit peu ce réquisitoire déprimant...