Calculs meurtriers, film de Barbet Schroeder, commentaire

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Calculs meurtriers,
      (Murder by numbers),      2002, 
 
de : Barbet  Schroeder, 
 
  avec : Sandra Bullock, Ben Chaplin, Michael Pitt, Ryan Gosling,
 
Musique : Clint Mansell


 
Justin Pendleton (Michael Pitt), surnommé par ses camarades de lycée "Bonaparte", est un étudiant renfermé qui développe dans un devoir de philosophie la thèse que seul le meurtre gratuit octroie la liberté. Quelques jours plus tard, une jeune fille est trouvée morte. L'inspecteur de police Cassie Mayweather (Sandra Bullock) est chargée de l'enquête en compagnie d'un collègue, Sam Kennedy (Ben Chaplin). Tout semble accuser l'un des employés du lycée... 
 
 Les premières scènes laissent augurer d'une sombre machination plus ou moins ésotérique, avec serments et grimoires à la clé. L'atmosphère est savamment crépusculaire et digne d'un thriller mystérieux à souhait. Mais cette tension lourde ne dure que le temps d'un feu de paille, et l'on retombe dans le classique parcours : meurtre - indices - filatures - soupçons - colère du chef de la police qui retire l'affaire au brillant et intuitif détective - pour finir dans une rédemption salvatrice. Cette accumulation de poncifs vus mille fois pourrait laisser supposer que l'oeuvre est aussi vite oubliée que vue. Ce n'est pas tout à fait le cas grâce à deux directions intelligemment utilisées par le réalisateur. D'une part le tempérament de Cassie, que l'on devine victime d'un douloureux passé et dont le comportement est assez finement étudié, même s'il n'échappe pas aux habituelles péripéties du genre : je te veux - mais je souffre - donc je te jette... Cela permet d'ailleurs à Sandra Bullock de sortir heureusement de ses rôles précédents qui tenaient plus de la figuration inintelligente que de la prestation d'une actrice impliquée corps et âme. Elle habite ici véritablement son personnage de femme blessée qui n'entrevoit pas de porte de sortie à son traumatisme. Mais d'autre part, et surtout, grâce aux rapports sado-masochistes, dominant-dominé, des deux jeunes garçons, habilement utilisés et dont l'alchimie parvient à maintenir en haleine le spectateur jusqu'au dénouement, relativement bien réussi. Tous deux sont remarquables de machiavélisme, de sadisme et de naïveté débonnaire. 
 
 On se laisse porter par cette enquête sans ennui mais aussi sans véritable passion.
   
Bernard Sellier