Casablanca, film de Michael Curtiz, commentaire

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Casablanca,
      1942, 
 
de : Michael  Curtiz, 
 
  avec : Ingrid Bergman, Humphrey Bogart, Paul Henreid, Claude Rains, Peter Lorre, Conrad Veidt,
 
Musique : Max Steiner

   
 
Rick Blaine (Humphrey Bogart) tient une boite de nuit qui attire le tout Casablanca. Nous sommes en 1942, et la ville, tenue par les Français sous le commandement de Louis Renault (Claude Rains), voit arriver des milliers de fugitifs qui tentent de trouver des visas pour fuir l'Allemagne nazie, et gagner Lisbonne puis l'Amérique. Deux envoyés du Reich ont été assassinés dans le train et deux sauf-conduits vierges, signés par le Général Weygand, volés. Un petit magouilleur, Guillermo Ugarte (Peter Lorre) les a en sa possession et les confie à Rick peu avant d'être arrêté. Le soir même, survient Victor Laszlo (Paul Henreid), qui a échappé trois fois aux griffes de la police nazie, accompagné de sa femme, Ilsa (Ingrid Bergman). Il devait contacter Ugarte afin d'obtenir les laissez-passer nécessaires pour sa fuite. Ilsa est stupéfaite de retrouver, dans la personne du patron des lieux, l'homme qu'elle avait aimé, quelques années plus tôt, à Paris... 
 
 Un couple mythique, une réalisation sobrement efficace de Michael Curtiz, à qui l'on doit de magnifiques films d'aventures ("L'aigle des mers", 1940, "les Aventures de Robin des bois", 1938...), et une histoire aussi simple que touchante, voilà qui a donné naissance à un grand classique parmi les classiques, récompensé par plusieurs Oscars ! En quelques coups de pinceau, le décor multiracial, grouillant de fugitifs, d'espions, de magouilleurs en tous genres, de fêtards, est installé. Puis nous assistons à la lente réhumanisation d'un homme grièvement blessé par l'amour. Ingrid Bergman, déchirée entre deux hommes, est toujours sublime ; Humphrey Bogart, dans un personnage dont le cynisme cache maladroitement la souffrance d'une plaie toujours ouverte, demeure irremplaçable (pour ceux qui éprouvent une fascination pour son masque passablement revêche) ; la narration est fluide, délicatement nuancée, agréablement dialoguée ; les seconds rôles sont habilement croqués. Mais j'avoue humblement que le traitement cinématographique de cette tragédie mi-intime, mi-historique, au fond assez prévisible, me touche modérément, sans doute en grande partie parce que je n'ai jamais éprouvé de profonde sympathie pour Bogart. Et, au risque de choquer nombre de fans, je me demande si l'œuvre aurait conservé une telle aura, dans l'éventualité où un acteur moins légendaire l'aurait remplacé. Ce qui est un faux problème, j'en conviens, puisque c'est le charisme exceptionnel d'un interprète qui peut, souvent, transfigurer un film ! Demeurent cependant quelques scènes inspirées, en particulier celle de "la Marseillaise" qui couvre progressivement le chant hitlérien.
   
Bernard Sellier