Celui par qui le Scandale arrive, film de Vincente Minnelli, commentaire

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Celui par qui le scandale arrive,
     (Home from the hill),      1960, 
 
de : Vincente  Minnelli, 
 
  avec : Robert Mitchum, George Peppard, George Hamilton, Eleanor Parker, Everett Sloane, Anne Seymour,
 
Musique : Bronislau Kaper


 
Le Capitaine Wade Hunnicutt (Robert Mitchum) est un riche propriétaire terrien du Texas, chasseur redoutable, aussi bien dans le domaine des animaux que dans celui des femmes. Il échappe de peu à la vengeance d'un mari jaloux, grâce à l'intervention du jeune Raphael 'Rafe' Copley (George Peppard). Rentré chez lui, il décide d'arracher son fils, Theron (George Hamilton), des jupes de sa mère, pour en faire un successeur digne de lui... 
 
 Auteur de comédies musicales flamboyantes, Vincente Minnelli nous a aussi légué des drames profondément émouvants, dans lesquels sensibilité et sobriété se mêlent harmonieusement. La narration est conduite d'une manière très classique, presque paisible, malgré les émois et les souffrances intérieurs qui rongent la totalité des personnages, et les éruptions volcaniques qui menacent fréquemment de donner libre cours à leurs débordements. Le scénario épuré, digne d'une tragédie classique, ne donne pourtant lieu que rarement à des affrontements violents. Les combats psychologiques, les agressions morales, se font, la plupart du temps, à fleurets mouchetés. Cette retenue, cette distanciation, se manifestent aussi bien dans le fond que dans la forme. L'absence quasi-totale de plans rapprochés surprend passablement, à notre époque où les caméras scrutent, au plus près, les regards, les gestes, les corps. Mais, une fois l'adaptation au style de l'oeuvre opérée, il est impossible de ne pas être envoûté par le parcours de ces êtres souffrants qui, chacun à leur manière, tentent de couvrir les blessures de leurs âmes d'un baume cicatrisant illusoire. Si les destins tragiques de Hannah (Eleanor Parker), de Wade, de Theron (assez mal doublé dans la VF.), de Libby (Luana Patten), nous émeuvent, c'est évidemment la personnalité hors du commun de Rafe qui procure à l'histoire sa noblesse poignante et son aura spirituelle. Transcendant la souffrance que lui a causé le rejet dont il est victime, il est l'archétype quasi parfait de l'être qui transmute, de manière alchimique, le négatif subi, pour en faire un ferment d'évolution intérieure. Dépossédé de tout ce qui lui est dû, tant matériellement que affectivement, il devient, par son attitude contructive, le double inversé de Theron, dont la fragilité psychologique ne parvient pas à faire fructifier les dons qu'il a reçus. Quant au final, il est d'une simplicité sublime...
   
Bernard Sellier