C'est dur d'être aimé par des cons, film de Daniel Leconte, commentaire

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C'est dur d'être aimé par des cons,
      2008, 
 
de : Daniel  Leconte, 
 
  avec : Philippe Val, Mohamed Sifaoui, Richard Malka, Anne de Fontette, Caroline Fourest, François Cavanna,
 
Musique : Cyril de Turkheim

  
 
Un compte rendu du procès intenté par certaines obédiences musulmanes à la revue Charlie Hebdo au début de 2007. Le "corps" du délit présumé : une insulte envers la religion islamique à travers les "Caricatures de Mahomet" parues dans divers journaux étrangers et français... 
 
 Un documentaire classique où interviennent les défenseurs de la liberté d'expression, avec, au premier plan, Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, Denis Jeambar, ancien responsable de "L'express", Mohamed Sifaoui (impressionnant de sagesse responsable et assumée), Elisabeth Badinter (émouvante), Cabu (éternel adolescent gentiment rebelle), et les rétifs à toute dérive caricaturale, représentés par l'avocat des "plaignants", Francis Szpiner. Si l'on ne peut qu'adhérer, sur le fond, à la défense de la liberté d'expression, il est toutefois difficile de balayer d'un revers de manche la forme, qui, dans certaines circonstances, conduit les tenants de cette liberté vers un extrémisme radical qu'ils dénoncent justement chez leurs détracteurs. C'est l'éternel dilemme qui est subtilement présent au sein du "Yi-King", (le Livre des changements), dans les deux caractéristiques que possèdent certains "traits" yin ou yang, à savoir la "Justice" et la "Droiture". Une action peut se révéler "juste" mais non "droite", ou inversement. Dans le cas présent, comme le dirait une émission bien connue de la télévision, "ça se discute"... Je m'étais d'ailleurs posé la question lors des événements de l'époque (article "Liberté de la Presse et responsabilité journalistique..."). Dommage aussi que les arguments des adversaires de Charlie Hebdo ne soient présentés que par leurs avocats, Francis Szpiner et Christophe Bigot (fort peu intéressant), avec ce que cela suppose d'effets oratoires ou d'indignations artificielles. Il eût été intéressant d'entendre, par exemple, le Recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur, apparemment écartelé entre les diverses tendances de ses "fidèles". L'un des moments les plus excitants demeure quand même l'intervention de Richard Malka, qui fournit au tribunal, pour la défense de Charlie Hebdo, une suite de caricatures "gratinées" sur le Pape, histoire de montrer que les cibles des dessinateurs étaient universelles... 
 
 Au final, un documentaire passablement orienté, dont l'intérêt principal est de générer chez les spectateurs, une réflexion saine et fructueuse. Mais quelle musique agaçante...
   
Bernard Sellier