Le chemin du pardon, film de Stuart Hazeldine, commentaire

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Le chemin du pardon,
      (The shack),     2017, 
 
de : Stuart  Hazeldine, 
 
  avec : Sam Worthington, Octavia Spencer, Tim Mc Graw, Radha Mitchell, Megan Charpentier, Gage Munroe, Sumire Matsubara, Graham Greene,
 
Musique : Aaron Zigman


 
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

 
Mack Phillips (Sam Worthington) a connu une enfance très dure avec un père violent envers son fils et son épouse. Devenu adulte, il vit avec Nan (Radha Mitchell) et leurs trois enfants, Josh (Gage Munroe), Kate (Megan Charpentier) et Missy (Amélie Eve). Lors d'un séjour du père et de ses enfants dans un camping, la petite Missy disparaît... 
 
 Voilà le genre de film que l'on ne rencontre pas tous les jours. Mack, profondément traumatisé par une adolescence plus que violente, voit l'un de ses enfants emporté par un criminel dont on ne saura jamais rien. Dès lors, il n'est plus qu'une boule de haine et de colère envers l'assassin, mais également envers Dieu. Dans la vision strictement catholique qui est la sienne, Dieu est le créateur de toutes choses et donc forcément le responsable majeur des horreurs qui souillent la terre. Il est facile de comprendre cette réaction très humaine. 
 
 Mais, par une étrange et mystérieuse intervention du Cosmique, il se voit donner la capacité d'expérimenter une voie nouvelle, celle du pardon. Or, même si l'on n'a pas vécu un drame semblable à celui de Zack, il est aisé de concevoir que le pardon est l'une des attitudes les plus difficiles à adopter lorsque la blessure ressentie est toujours à vif. Le récit va donc entraîner le spectateur dans une exploration mystique de l'expérience vécue par Zack. Et, avouons le tout de go, la mise en images fait d'emblée un peu peur. 
 
 Certes, Dieu n'a pas l'apparence d'un vieillard à la barbe blanche. C'est déjà ça de gagné ! Mais il revêt la forme d'une dodue femme noire (Octavia Spencer), appelée 'Papa', ce qui ajoute encore de l'incongruité à la représentation. L'aspect positif, c'est qu'elle dégage la bonté d'un être tel 'Amma', à laquelle elle ressemble d'ailleurs physiquement. L'aspect négatif, c'est que contempler Dieu en train de cuisiner dans sa cabane, entouré de Jésus (Avraham Aviv Alush) qui, à l'occasion, marche sur les eaux du lac, et de la superbe Sarayu (Sumire Matsubara), c'est une pilule passablement dure à avaler. Même si l'on sait que la représentation que chacun a du divin est à la mesure de sa conception intérieure, aussi orientée que déformée par les religions, et limitée dans sa perception de la réalité. Mais, comme chacun des humains n'est pas prêt à vivre, par l'illumination, une connaissance de toutes façons intransmissible tant dans les mots que dans les images, il est sage de se contenter de ce qui nous est montré ici, visuellement somptueux, et de se réjouir du petit 'miracle' qui métamorphose la vie de Zack ainsi que de sa famille et de ses proches. Le scénario ( six intervenants, tout de même ! ) réussit relativement bien à rendre vraisemblable et acceptable le revirement intérieur de Zack, mais nous nous serions bien passés du commentaire en voix off, parfois lourdement moralisateur et très orienté conception religieuse. 
 
 Toujours est-il que le message transmis, quelle que soit sa forme cinématographique, est pur, que le drame pose d'excellentes questions et qu'il ouvre la porte à quelques interrogations judicieuses sur notre propension pathologique à émettre des jugements péremptoires alors que nous n'avons qu'une vision ridiculement partielle des données. Alors sans doute le prosaïsme de l'oeuvre irritera-t-elle nombre de spectateurs. Mais peut-être aussi saura-t-il, par sa simplicité, émouvoir profondément et entrouvrir une porte vers l'unification avec la Conscience source...
   
Bernard Sellier