Chère petite, Saison 1, série de Isabel Kleefeld, commentaire

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Chère petite,
      (Liebes Kind),     Saison 1,     2023, 
 
de : Isabel  Kleefeld, 
 
  avec : Birge Schade, Christian Beermann, Naila Schuberth, Kim Riedle, Julika Jenkins, Hans Löw,
 
Musique : Juan Luqui, Gustavo Santaolalla


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

   
Une jeune femme, qui dit se prénommer Lena (Kim Riedle), apparemment victime d'un chauffard, et sa fille Hannah (Naila Schuberth), sont amenées au CHU d'Aix la Chapelle. Un flic de Düsseldorf, Gerd Bühling (Hans Löw) prévient Matthias Beck (Justus von Dohnányi) et sa femme Karin (Julika Jenkins) qu'il s'agit sans doute de leur fille Lena, disparue treize ans plus tôt. Mais Matthias ne reconnaît pas sa fille. En revanche, la petite Hannah voit en lui son grand-père...
 
   Il n'est pas courant d'assister, en deux épisodes, voire même durant le premier, à l'installation d'une atmosphère aussi troublante, glauque et glaçante. Il est manifeste que la réalisation n'a pas disposé de gros moyens financiers, car les décors sont minimalistes et parfois à la limite de l'acceptable. Mais, en revanche, quelle claque sur le plan purement dramatique. Ce que la série démontre dans les premières minutes, c'est que la terreur n'a nullement besoin d'effets grandiloquents pour jaillir. Une scène simplissime, comme celle où Lena et ses deux enfants présentent leurs mains tremblantes au père afin qu'il en vérifie la propreté, est tout à fait tétanisante. Cerise sur un gâteau particulièrement maléfique, tous les personnages (à l'exception des deux policières) sont inquiétants, en particulier Jasmin et même la petite Hannah, qui apparaissent comme des exemples saisissants d'un syndrome de Stockholm poussé à l'extrême, dans lequel l'empathie pour le criminel serait remplacée par une obéissance totale presque volontaire, comme si les cerveaux avaient été formatés afin qu'un contenu viral puisse être réinstallé par un opérateur pervers. Toute cette histoire monstrueuse est racontée avec une sécheresse intentionnelle qui la rend encore plus terrifiante. Nul excès dans le récit, nulle incursion sentimentale, nulle facilité scénaristique, ne viennent parasiter un récit qui se veut d'une aridité clinique et d'une âpreté sans faille. Dans le genre, une réussite incontestable.     
   
Bernard Sellier