La cité interdite, film de Zhang Yimou, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

La cité interdite,
     (Man cheng jin dai huang jin jia),     2006, 
 
de : Zhang  Yimou, 
 
  avec : Gong Li, Chow Yun-Fat, Chou Jay, Liu Ye, Ni Dahong,
 
Musique : Shigeru Umebayashi

  
 
L'empereur Ping (Chow Yun-Fat) a épousé en secondes noces la PrincessePhoenix (Gong Li). Elle lui a donné deux enfants. C'est le fils d'un premier mariage qui doit monter plus tard sur le trône. Depuis quelques semaines, la jeune femme est malade. Pourtant, elle ingurgite à heures régulières les infusions que son époux lui a ordonnées. Lorsqu'elle apprend que les troubles dont elle est victime sont dus à une plante que l'empereur a fait ajouter à ses breuvages, elle entreprend de se venger... 
 
 Comme c'était déjà le cas pour "Hero", mais avec beaucoup plus d'intensité encore, nous retrouvons la magnificence visuelle propre au réalisateur. Il est impossible de ne pas être impressionné, voire subjugué par la beauté des costumes, par la splendeur des décors intérieurs ( car il ne se passe pas grand chose à l'extérieur de l'enceinte du palais royal ). Cependant, si l'on parvient à s'arracher à la contemplation de cette avalanche d'or et d'étoffes chatoyantes, on retombe quelque peu des hauteurs admiratives pour constater que l'esthétisme outré cache un scénario sinon prosaïque, tout au moins limité. Non que le sujet en lui-même soit inintéressant. Shakespeare a laissé des monuments qui ont pour fondement les rivalités ou vengeances inter-familiales. Dans le cas présent, c'est peut-être justement l'excès de beauté physique qui freine quelque peu la participation émotionnelle du spectateur à ce drame pourtant poignant. D'autant plus que Gong Li impose son personnage de reine abandonnée avec une intensité bouleversante. Mais ces rivalités entre puissants d'un autre âge et d'une civilisation totalement étrangère à la nôtre parviennent difficilement à faire émerger la compassion qui semblerait naturelle en de telles circonstances. Quant aux affrontements guerrriers, ils laissent eux aussi perplexes. Là encore l'outrance (des milliers de guerriers sans doute numérisés) et une étrange façon de filmer rend ces scènes quasiment abstraites, comme s'il s'agissait de pantins déshumanisés.  
 
 Impressionnant de majesté, mais tout de même globalement frustrant.
   
Bernard Sellier