Comancheria, film de David Mackenzie, commentaire

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Comancheria,
     (Hell or high water),       2016,  
 
de : David  Mackenzie, 
 
  avec : Ben Foster, Chris Pine, Jeff Bridges, Buck Taylor, Kristin Berg, Dale Dickey, William Sterchi,
 
Musique : Nick Cave, Warren Ellis

  
 
Deux frères, Toby (Chris Pine) et Tanner Howard (Ben Foster) attaquent de petites banques pour en retirer de l'argent liquide. Le shérif Marcus Hamilton (Jeff Bridges) et son collègue d'origine indienne Alberto Parker (Gil Birmingham) sont chargés de l'affaire, celle-ci étant trop peu importante pour intéresser le FBI... 
 
 Dès les premières minutes, le décor et l'atmosphère sont plantés avec maestria. Il s'agit de l'Amérique profonde, rurale, pauvre, avec ses gandioses étendues désertiques, ses routes rectilignes à perte de vue, sa poussière, ses habitants paumés ou ankylosés par l'engourdissement économique. D'un côté deux frères aux tempéraments très différents. Le premier, Toby, divorcé, mélancolique et désireux de briser la malédiction de la pauvreté chronique qui accable sa famille depuis plusieurs générations. Le second, Tanner, incontrôlable et pilier des mauvais coups. De l'autre côté, un shériff au bord de la retraite, bougon, désabusé, et son collègue Comanche. Un face à face comme dans les westerns, mais heureusement beaucoup plus axé sur l'humanité des personnages que sur l'action, tout en installant un constat amer sur les magouilles financières des banques qui étouffent l'individu pour capter les terres. L'oeuvre ne sombre jamais dans le spectaculaire, et sait conserver en permanence un équilibre entre les pics de violence et les larges plages contemplatives, dans lesquelles le poids des silences se montre tout aussi expressif que les échanges verbaux. Quant à l'incarnation des personnages, elle se révèle d'une justesse et d'une authenticité émotionnelle éminentes.
   
Bernard Sellier