La confiance règne, film de Etienne Chatiliez, commentaire

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La confiance règne,
     2004, 
 
de : Etienne  Chatiliez, 
 
  avec : Cécile de France, Vincent Lindon, Anne Brochet, Pierre Vernier, Eric Berger, Martine Chevallier,
 
Musique : Philippe Sarde

 
 
Chrystèle (Cécile de France) et Christophe (Vincent Lindon) font connaissance de manière télescopante sur un quai de gare. Il faut dire qu'ils ont tous deux le feu aux fesses, puisque chacun vient de voler argent et objets à ses employeurs. Selon le bel adage "qui se ressemble s'assemble", ils vont dorénavant se présenter en "couple" chez leurs futurs employeurs. Et, donc, escroquer en chœur. Ce qui ne va pas quelquefois sans risques, lorsque c'est le patron qui vous chasse à coups de fusil en refusant de payer. Mais, la mouise ayant une fin, ils découvrent le pactole... 
 
 Le film commence sur les chapeaux de roue. Le ton est incisif, la conduite nerveuse. En deux coups de cuillère à pot, les caractères, basiques, sont campés. Christophe n'a inventé ni le fil à couper le beurre, ni le fil tout court. Quant à Chrystèle, excellemment servie par Cécile de France (on se souviendra de sa réplique enlevée : "j'prendrais bien une p'tite mousse") , elle affiche un air légèrement plus futé, mais ne prétend cependant pas au doctorat de philosophie et revendique une vulgarité aussi bonnasse que directe. Les bourgeois sont croqués eux aussi de manière plaisante. Tout au moins au début (le couple gaulliste Françoise Térion (Martine Chevallier) Philippe Térion (Jacques Boudet)), car, avec le temps, la superficialité et la précipitation gagnent beaucoup de terrain, au point que certains passent quasiment inaperçus (les Juifs, par exemple). Quoi qu'il en soit, les wagons sont en place pour un petit voyage caustico-humoristique que l'on devine jouissif. 
 
 Pourtant, bien que fondée sur une base ludique et prometteuse, l'histoire ne tarde pas à piétiner, voire à se lézarder. Les décors, les personnages changent, mais aucune progression ne s'installe, des passages à vide se présentent, et la répétitivité des comportements finit par générer une lassitude certaine. Les deux principaux protagonistes ne sont pas en cause, mais plutôt une banalisation manifeste du trait, en même temps qu'une mollesse dans l'agressivité qu'annonçaient l'ouverture et le sujet. Au sortir du film, ne subsiste finalement qu'une aimable farce aux caractères agréablement brossés, parsemée de quelques (rares) bons mots ou vacheries, malheureusement sans profondeur ni même excitation profonde des papilles gustatives.
   
Bernard Sellier