Anna (Sandrine Bonnaire) a pris rendez-vous avec un psychiatre, le docteur Monnier (Michel Duchaussoy). Mais elle se trompe de porte, entre chez un conseiller fiscal, William (Fabrice Luchini), et commence à exposer le problème qui la trouble profondément. Stupéfait, il l'écoute sans l'informer de son erreur. Lorsque le quiproquo est levé, quelques semaines plus tard, la jeune femme continue à rendre visite à William...
L'histoire, fondée sur un quiproquo en équilibre instable qui, heureusement, est rapidement levé, se révèle prometteuse. Deux personnalités psychologiques fragiles, perturbées et déséquilibrées, tentent, à la faveur d'un "hasard" signifiant, de libérer leurs tensions, d'autoriser l'affleurement de leurs fantasmes, et de s'apprivoiser. Fabrice Luchini, étonnamment sobre, ayant, comme il le dit lui-même, "avalé un parapluie ouvert", et Sandrine Bonnaire, irradiante jusque dans ses instants de déprime, sont de toute évidence les interprètes idéaux de cette rencontre onirico-sentimentale en demi-teinte.
Pourtant, sans être véritablement mal traité (sobriété et pudeur règnent en maîtresses), le sujet semble progressivement plonger dans le conventionnel et le conformisme tranquille. La narration patine fortement à mi-parcours et le scénario ne semble pas très bien connaître sa direction. Un instant teintée de mystère, colorée thriller psychologique, l'histoire finit par étouffer ces pulsions pour s'enfoncer dans une insignifiance frustrante. L'apparition de Marc contribue d'ailleurs à cette tendance fâcheuse, car, loin de provoquer la surtension attendue, elle casse le mystère sous-jacent, sans apporter la moindre contrepartie contructive ou excitante.
L'ensemble laisse une impression mitigée, les qualités humaines développées compensant difficilement l'ennui distingué qui se dégage de cette longue confrontation terne, grisâtre, semblable en cela au long couloir symbolique, sombre, doté de multiples portes, bien connu de tous ceux qui effectuent une investigation psychanalytique.
Bernard Sellier