Les corps impatients, film de Xavier Giannoli, commentaire

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Les corps impatients,
      2003, 
 
de : Xavier  Giannoli, 
 
  avec : Laura Smet, Nicolas Duvauchelle, Marie Denarnaud, Maurice Antoni, Catherine Salviat, Julien Bouvard,
 
Musique : Alexandre Desplat

  
 
Charlotte (Laura Smet) "monte" à Paris avec son ami Paul (Nicolas Duvauchelle). Elle doit effectuer des examens médicaux approfondis, et le diagnostic se révèle sombre : une tumeur maligne des poumons. Elle doit commencer une chimiothérapie. Paul demeure auprès d'elle pour la soutenir dans l'épreuve. Il fait la conaissance de Ninon (Marie Denarnaud), une vague cousine de Charlotte perdue de vue depuis quelques années. Paul se sent irrésistiblement attiré par elle... 
 
 Il est impossible de nier la sincérité du propos, ainsi que l'authenticité avec laquelle les trois acteurs vivent le quotidien intense et douloureux de leurs personnages. Charlotte, murée dans la souffrance et rongée par la jalousie autant que par la maladie. Paul, taciturne, intériorisé à l'extrême, submergé par la violence des émotions qui naissent de sa confrontation avec ces deux jeunes filles dont les corps et les âmes abordent la vie de manières radicalement opposées. Enfin Ninon, gourmande de l'existence et des plaisirs qui y sont rattachés. Le sujet de fond lui-même attire irrésistiblement la compassion, d'autant plus que le réalisateur a choisi, judicieusement, une approche sobre, là où certains de ses collègues auraient pu déverser des torrents mélodramatiques. Mais ce dépouillement, associé à une banalité certaine des situations, ainsi qu'à une économie extrême des échanges verbaux ( dont on perd, qui plus est, une bonne partie, tant la faiblesse du son et l'articulation minimaliste des acteurs rendent la perception difficile, comme c'est souvent le cas dans les films français ! ), finissent par se retourner contre l'oeuvre, laissant une large partie du temps le spectateur à l'extérieur de ce drame pourtant poignant.  
 
 Une œuvre qui souffle le chaud et le froid, globalement pesante, malgré une sensibilité ponctuelle à fleur de peau, et quelques moments paroxystiques.
   
Bernard Sellier