Crime à ciel ouvert, Saison 1, de Till Franzen, commentaire

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Crime à ciel ouvert,
     (Lauchhammer - Tod in der Lausitz),   Saison 1,      2022 
 
de : Till  Franzen, 
 
avec : Misel Maticevic, Odine Johne, Marc Hosemann, Ella Lee, Jacob Matschenz,
 
Musique : Andréas Weidinger, Christophe Zirngibl


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Dans une cité perdue en ex Allemagne de l'est, une jolie jeune fille, Ramona Schinschke (Jule Hermann) est retrouvée assassinée. Deux policiers, Maik Briegand (Misel Matisevic) et une jeune arrivée, Annalena Gottknecht (Odine Johne) mènent l'enquête. Leurs premiers soupçons se portent sur une communauté d'écolos drogués, au sein de laquelle vit un ex petit ami de la morte, Juri Schavadenov (Malik Blumenthal)...
 
 L'intrigue s'inscrit dans une trame très classique. Un meurtre, deux flics dont l'un est mal accueilli par les collègues, des relevés d'indices, les premiers suspects, les déceptions, les rebondissements... Si cette courte série de six épisodes ne s'en tenait qu'à ces éléments vus des centaines de fois, l'intérêt serait modeste, même si les interprètes se montrent convaincants. Mais, par bonheur pour le spectateur, le drame se montre beaucoup plus riche que ne le laisse supposer cette ossature traditionnelle. Plusieurs composantes apportent à cette tragédie intime un étoffement bienvenu. Tout d'abord un décor de mines désaffectées, de terres dévastées, qui tient une place de choix dans la dramaturgie globale. Ensuite un contexte d'après guerre froide, dans lequel les crimes passés n'en finissent pas de souiller le présent de leurs pourritures abjectes. En l'occurrence, un monde pré-réunification, dans lequel les affaires criminelles étaient enterrées, si leur résolution menaçait la grandeur ou l'honneur du socialisme. Se greffe sur ces oripeaux infâmes les magouilles de promoteurs véreux qui ne songent qu'à s'enrichir sans se soucier de l'écologie. Les développements de l'enquête oscillent donc en permanence entre tous ces constituants, sans oublier la lutte contre le dérèglement climatique, en plongeant dans le quotidien de personnages souvent en perdition. Alcoolos, drogués, individus pourris, le tableau n'est pas glorieux. Pourtant, le manichéisme n'est pas de mise. Le cas d'André André Pötschke (Marc Hosemann) est à ce titre édifiant. Il est tout autant capable de détourner de la drogue d'une saisie pour la revendre, que de se sacrifier pour que le petit Dustin ne soit pas arraché à sa mère droguée,  Jennifer Schinschke (Martina Schöne-Radunski). Au bout du compte, ce sera l'incursion dans une nouvelle voie qui permettra de confondre le coupable. Tout cela fait beaucoup pour une série relativement courte. L'équilibre entre toutes les composantes est bien négocié, mais les divers flashbacks et les suggestions fondées sur les photos ne sont pas toujours très clairs, et la vision de l'ensemble demande une attention soutenue.  
   
Bernard Sellier