Le Crime Farpait, film de Alex de la Iglesia, commentaire

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Le crime farpait,
     (Crimen ferpecto),     2004, 
 
de : Alex  de la Iglesia, 
 
  avec : Guillermo Toledo, Mónica Cervera, Luis Varela, Enrique Villén, Fernando Tejero,
 
Musique : Roque Baños, Edward Elgar

 
 
Rafael González (Guillermo Toledo) est un vendeur hors pair. Il règne sur le rayon Femmes d'un grand magasin de Madrid, et espère bien être nommé prochainement Chef d'exploitation. Son succès auprès des jolies vendeuses est exceptionnel. Grâce à la complicité du gardien, il peut offir à ses conquêtes des nuits sublimes, grâce à tous les rayons laissés à sa disposition. Mais, un jour, il apprend la catastrophique nouvelle : son rival du rayon Hommes, Don Antonio Fraguas (Luis Varela) est nommé au poste qu'il convoitait ! Comme un malheur ne vient jamais seul, il tue accidentellement son nouveau chef au cours d'une dispute... 
 
 Dans le rayon "Humour noir et mécanismes macabre", façon "Petits meurtres entre amis", cette oeuvre, sorte de resucée hitchcockienne sous acide, tient une place de choix. Avec une analyse événementielle cyniquement grinçante, martelée en voix off par Raphael, l'histoire combine de manière tonique, insolente, parfois monstrueuse, le comique amer, le fantastique, l'horreur, la réflexion sociale, la dissection psychologique, le thriller. L'un des paradoxes est que tous les personnages sont détestables (Rafael est un profiteur minable autosatisfait, Lourdes (Mónica Cervera) combine laideur physique et machiavélisme, Don Antonio est odieux...), et, malgré cela, ils sont pitoyables. Bien plus, ils finiraient même par générer chez le spectateur une sympathie irraisonnée. Rafael cherche le plaisir dans le domaine primaire qui est le sien ; Lourdes rêve de ne plus voir les hommes détourner les yeux lorsqu'ils la croisent ; Désirée (Alicia Andújar), la petite soeur déjantée de 8 ans, qui passe son temps à insulter sa famille et à s'inventer grossesse ou Sida, tente désespérément de briser la carapace qui la retient prisonnière... Qu'importe si la vraisemblance des faits est plus qu'approximative, l'important réside dans la descente vers les régions infernales d'un conte de fées rêvé par un adulte infantile. Guillermo Toledo est grandiose, tout comme Mónica Cervera. Leurs compositions de Guignols clownesques (ce n'est pas un hasard si Lourdes a l'idée de créer une ligne de vêtements de ce style), tour à tour navrants, ubuesques ou pervers, est en adéquation parfaite avec le style théâtral du réalisateur. A déguster sans modération, même si le dénouement laisse un petit peu sur sa faim...
   
Bernard Sellier