Criminal Justice, film de Otto Bathurst..., commentaire

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Criminal justice,
     2008,  
 
de : Otto  Bathurst, 
 
  avec : Ben Whishaw, Ruth Negga, Pete Postlethwaite, David Westhead, Jaye Griffiths, Bill Paterson, Con O'Neill, Ian Peck, David Harewood,
 
Musique : John Lunn

 
 
Ben Coulter (Ben Whishaw) sort un soir pour fêter le match de foot auquel il a participé. Sa voiture ne démarrant pas, il emprunte le taxi de son père. En ville, une jeune fille, Mélanie Lloyd (Ruth Negga) lui fait signe. Il s'arrête. Elle lui demande d'aller au bord de la mer. Puis il la ramène chez elle. Elle l'invite à entrer. Le lendemain matin, lorsque le jeune homme se réveille dans la cuisine, il trouve Mélanie poignardée à l'étage. Affolé, il s'enfuit, emboutit la voiture de son père et se fait arrêter par la police. Le commissaire Harry Box (Bill Paterson) est persuadé de la culpabilité de Ben. Celui-ci voudrait expliquer ce qui s'est passé, mais Ralph Stone (Con O'Neill), l'avocat commis d'office, lui enjoint de refuser de répondre... 
 
 Le thème de départ choisi par le scénariste Peter Moffat, spécialiste du droit et des procès en assises, n'est en rien original. Combien de fois n'avons-nous pas été confrontés au cas du malheureux héros qui, se réveillant un matin, trouve un cadavre à ses côtés en lieu et place de la charmante amoureuse de la veille. Mais cela n'a guère d'importance, puisque le propos du créateur est de démonter, avec précision, justesse et subtilité, les rouages du système judiciaire britannique, qui, bien souvent, et c'est le cas en l'occurrence, s'apparentent à un engrenage infernal. Ben Coulter, incarné avec une criante authenticité par le jeune Ben Whishaw, est un grand adolescent dégingandé, fragile, immature, asthmatique, et sujet à de discrets tics. Autant dire qu'il ne paraît pas être l'archétipe du violeur criminel que l'on rencontre d'ordinaire dans les cours d'assises, même s'il est vrai que monsieur tout le monde peut cacher un assassin. Quoi qu'il en soit, par la conjonction de mécanismes tantôt subtils, tantôt intéressés, tantôt purement instinctifs, le garçon va se retrouver emprisonné aux deux sens du terme, à la fois dans un pénitencier avec tout ce que cela suppose de violences physiques et psychologiques, mais également dans un système de défense qui lui échappe totalement. C'est à coups de tractations, de marchandages, que la Partie civile et les avocats tentent d'atteindre deux buts : faire dépenser le moins d'argent possible à l'état pour les premiers et tenter de réduire au maximum la peine pour les seconds. C'est ainsi que le système du "plaider coupable" permet d'éviter un coûteux procès en assises. Que vient faire l'éventuelle vérité dans ce système ? Manifestement pas grand chose. Passionnant de bout en bout, le récit se montre particulièrement équilibré, riche d'enseignements, exempt de fioritures, réaliste et souvent poignant. Un peu de regret pour le dénouement choisi, légèrement abrupt et de ce fait frustrant.
   
Bernard Sellier