Crying freeman, film de Christophe Gans, commentaire

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Crying freeman,
     1995, 
 
de : Christophe  Gans, 
 
  avec : Mark Dacascos, Julie Condra, Rae Dawn Chong, Byron Mann, Mako, Tchéky Karyo,
 
Musique : Patrick O'Hearn


 
Emu O'Hara (Julie Condra) est venue à San Francisco pour peindre. Un jour, dans un coin isolé, elle assiste à l'exécution de deux hommes, dont le fils du puissant Shido Shimazaki (Mako), par un mystérieux tueur, Yo Hinomura, surnommé le Freeman (Mark Dacascos). Il la retrouve à Vancouver. Sa mission y est double : exécuter Shido et la jeune femme, car personne ne doit connaître son visage. Il s'acquitte de la première partie du contrat, échappe de peu aux assassins de Ryuji Hanada (Masaya Kato), successeur de Shimazaki, et regagne le Japon où le retrouve Emu, devenue sa compagne... 
 
 Inspiré d'une bande dessinée japonaise, cette oeuvre se démarque des habituelles adaptations de BD. Christophe Gans réussit à installer une atmosphère originale, prenante, quasiment magique, hypnotique, qui concilie avec maestria des extrêmes a priori difficilement compatibles. Paix et violence, beauté et horreur, poésie et bestialité, ombres et lumières se partagent les champs visuels, le rythme narratif, mais aussi la plastique des personnages, l'esthétique des décors.  
 
 Yo est devenu un "Fils du dragon", un exécuteur aux pouvoirs quasiment surnaturels. Le choix de Mark Dacascos est déjà, à lui seul, étonnant. Visage d'une douceur angélique, traits anguleux qui l'apparentent à une statue vivante, yeux d'un noir de jais aux pupilles absentes, il semble jaillir d'un autre monde. Mélange de fragilité sensible et de force invincible. L'histoire entremêle des moments proches de la méditation, des ralentis qui ne prennent jamais l'allure d'un artifice, mais participent profondément à l'impression de temps suspendu, des giclées soudaines de violence, des paysages bucoliques semblant appartenir à un Eden abandonné, des souterrains sataniques où règne une étrange sorcière intemporelle et menaçante. Des scènes mémorables, étonnantes, s'imprègnent profondément dans la mémoire : le meurtre de Rossi (Alex Diakun) sur la musique du choeur de "Nabucco" de Verdi ; Yo emprisonné nu dans les bras d'une statue... 
 
   Fascinant !
   
Bernard Sellier