Le Dahlia noir, film de Brian de Palma, commentaire

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Le dahlia noir,
     (The black dahlia),      2006, 
 
de : Brian  de Palma, 
 
  avec : Josh Hartnett, Aaron Eckart, Scarlett Johanssen, Hilary Swank, Mia Kirshner, Fiona Shaw, John Kavanagh,
 
Musique : Mark Isham


 
Dwight 'Bucky' Bleichert (Josh Hartnett) et Leland 'Lee' Blanchard (Aaron Eckart) sont deux policiers de Los Angeles, dans les années 1946. Un amour commun pour la boxe ainsi que pour la pulpeuse Kay Lake (Scarlett Johansson) les rapproche. La prochaine libération d'un truand, Bobby DeWitt (Richard Brake), que Lee avait fait condamner, perturbe fortement l'humeur du policier. Mais un drame survient, qui détourne le centre de ses préoccupations : une jolie starlette, qui rêvait de conquérir Hollywood, Elizabeth Short (Mia Kirshner), est retrouvée assassinée et horriblement mutilée... 
 
 Brian de Palma n'a rien perdu de son talent pour créer une atmosphère authentique. L'aspect volontairement retro de l'histoire fonctionne très bien. Flics désabusés, plus ou moins véreux, fumant leurs clopes, le chapeau mou vissé sur la tête, femmes fatales, blondes platinées, séquences en noir et blanc... Rien ne manque pour plonger le spectateur dans le coeur véreux, vénéneux, du Hollywood tout juste sorti de la seconde guerre mondiale. La caméra toujours élégante, virtuose, du réalisateur (qui, décidément inspiré par les escaliers, offre ici un moment intense qui évoque, sans l'égaler, celui des "Incorruptibles"), permet d'offrir au film un écrin noir ébène mémorable.  
 
 En ce qui concerne le scénario, le résultat est nettement moins enthousiasmant ! Que la complexité soit présente n'est pas rhédibitoire. Mais, dans le cas présent, complexité rime malheureusement avec nébulosité et surtout ennui ! Pendant une bonne moitié du récit, il est quasiment impossible de discerner la colonne vertébrale de l'histoire. S'agit-il de la désagrégation prévisible d'une amitié, dont Kay Lake serait le catalyseur empoisonné ? Ou serait-ce plutôt la réapparition tant redoutée du sadique Bobby DeWitt ? A moins que ce ne soit la traque de Ray Nash, un criminel aussi lâche que pervers ? Ou encore des ombres que l'on devine dans le passé de Lee ? La narration suit tous ces bouts de pistes, allumant, chez le spectateur, de fugitives flammes d'intérêt, pour les souffler dès l'instant qu'un nouveau pôle attractif apparaît. Lorsque, dans le dernier tiers, le nerf moteur s'expose enfin avec netteté, il est bien tard. Les personnages, pourtant dessinés avec intensité, charme, mystère, risquent fort d'être devenus des figures usées, dont le sort a cessé de passionner depuis belle lurette. D'autant plus que le dénouement, lui aussi très emberlificoté (heureusement que le réalisateur le parsème de plans antérieurs, car, sinon, ce serait quasiment incompréhensible !), à tiroirs multiples, risque d'effleurer le spectateur somnolent, au lieu de le saisir aux tripes, comme cela aurait dû être. Reste un climat glauque, pervers, peuplé de personnages inquiétants. Mais cela ne suffit pas à rendre l'ensemble envoûtant. Une intrigue resserrée et un raccourcissement de l'oeuvre auraient peut-être permis d'éviter la déliquescence chloroformante qui sape l'efficacité de la noirceur brute du drame. Dommage...
   
Bernard Sellier