Dark waters, film de Todd Haynes, commentaire

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Dark waters,
      2019, 
 
de : Todd  Haynes, 
 
  avec : Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins, Bill Camp, Bill Pulman, Victor Garber,  
 
Musique : Marcelo Zarvos

 
 
Rob Bilott (Mark Ruffalo) est avocat dans le gros cabinet Taft, spécialisé dans la défense des compagnies pétrolières. Il reçoit un jour la plainte de deux fermiers de Virginie, persuadés que les rejets enfouis par la multinationale DuPont de Nemours empoisonnent sols et rivières. C'est le début d'un combat qui va s'étaler sur deux décennies... 
 
 Ce n'est pas la premières fois que nous assistons à un affrontement façon David contre Goliath. Aussi bien dans les films que dans le monde réel, ne serait-ce que les innombrables plaintes visant Monsanto et ses poisons. Lorsque ces luttes sont illustrées sur grand écran, la rage et l'énergie combative sont en général au coeur de la réalisation. Nous sommes donc particulièrement étonnés de trouver ici un avocat certes convaincu et convaincant, mais étonnamment falot. Le visage fermé, arborant en permanence une mine de chien battu, Mark Ruffalo livre une composition assez déconcertante. D'autant plus que le doublage français (une voix faible et traînante) renforce encore la dimension douceâtre, voire insipide d'un personnage qui est l'absolu opposé d'un Dupond-Moretti. 
 
 Si l'on ne peut que se féliciter du fait que le récit évite l'esbroufe et le clinquant qui sont souvent la marque caractéristique de ce genre de plaidoyer, le choix d'une option radicalement et intégralement terne laisse perplexe. Car les dissimulations que la multinationale a faites durant un demi siècle concernant la dangerosité du PFOA (acide perfluorooctanoïque) est loin de représenter une affaire insignifiante ou une cause de troisième ordre. Or c'est un peu l'impression que donne cette chronique au rythme pantouflard, qui a pourtant, dans le monde réel, bouleversé la vie de milliers de victimes et presque fait exploser la famille du valeureux Rob. 
 
 Une mise en lumière fondamentalement indispensable, mais un traitement visuel étonnant et déconcertant...
   
Bernard Sellier