Dead again, film de Kenneth Branagh, commentaire

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Dead again,
      1991, 
 
de : Kenneth  Branagh, 
 
  avec : Kenneth Branagh, Emma Thompson, Andy Garcia, Robin Williams, Derek Jacobi, 
 
Musique : Patrick Doyle

 
 
1949. Le compositeur Norman Strauss est condamné à mort pour le meurtre de sa femme, la pianiste Margaret. Juste avant l'exécution, il se confie (?) à un journaliste alcoolique, Gray Baker (Andy Garcia). Quarante ans plus tard, une jeune femme amnésique, Grace (Emma Thompson), est recueillie dans un couvent. Elle souffre de violents cauchemars et ne parle pas. Désireux de la voir quitter les lieux, le responsable de l'établissement religieux la confie à l'un de ses anciens élèves, le détective Mike Church (Kenneth Branagh). Celui-ci tente de retrouver les origines de l'inconnue. Un étrange hypnotiseur, Franklyn Madson (Derek Jacobi), et un non moins étrange psychiatre rayé du conseil de l'ordre des médecins, Cozy Carlisle (Robin Williams) leur viennent en aide, chacun à leur manière... 
 
 Lorsque la psychanalyse s'entremêle avec le thriller, l'amnésie, le mystère, la passion et, surtout, la réincarnation, cela donne une oeuvre, apparemment hybride, emplie de violence et de suspense, se resserrant finalement sur une explication d'une simplicité rationnelle. Autour d'une histoire ancienne d'amour idyllique qui se clôt tragiquement, se construit un puzzle contemporain de reconstruction mentale et de répétition karmique. Sur une musique envoûtante de Patrick Doyle, se recompose dans un temps futur, avec efficacité et angoisse, un cheminement entre deux êtres d'exception, interrompu par un élément énigmatique. Emma Thompson, adorable, est très convaincante dans ce personnage perturbé qui mélange inconsciemment souvenirs traumatisants et existence présente. Kenneth Branagh, réalisateur, environne ses deux fragiles héros de personnages étranges (le psychiatre reconverti en boucher-épicier, et l'hypnotiseur), dans des décors qui ne le sont pas moins (le cabinet empli d'antiquités de Franklyn) et qui auraient gagné à être davantage exploités. Sans doute aussi le film demande-t-il au moins deux visions successives, car certains éléments présents au commencement posent des interrogations lorsque le dénouement est connu. Mais logique et réincarnation ne sont pas forcément d'une compatibilité totale, tant que nous n'aurons pas la possiblité de connaître le détail de nos existences antérieures. 
 
 Une réussite originale et fascinante dans le domaine balisé du thriller. Mais sans doute suis-je aussi de parti-pris, puisque ce type de sujet a été l'une de mes premières sources d'inspiration romancière et que l'ouvrage dont vous pouvez lire le premier chapitre en ligne sur ce site, tire sa trame d'un germe similaire... («À l'ombre des mirages»...)
   
Bernard Sellier