Le sergent Matt Thompson (Guy Pearce) est spécialiste du déminage. Il est en poste à Bagdad avec ses équipiers, JT Sanborn (Anthony Mackie) et Owen Eldridge (Brian Geraghty). Il est tué au cours d'un désamorçage qui paraissait aisé. Le sergent William James (Jeremy Renner) le remplace. Dès les premières opérations, la tension s'installe entre les trois hommes. James se montre en effet plus que téméraire et, surtout, allergique aux procédures de communication avec ses équipiers...
Une immersion dans cet état consternant de guerre larvée, de menace permanente, de ce jeu de cache cache horrible avec un danger mortel qui peut venir aussi bien de l'épicier débonnaire planté sur la pas de sa porte que d'un gamin au sourire enjôleur, tout cela comme si vous y étiez. Car étant tournée très souvent caméra à l'épaule, l'œuvre prend souvent, ce qui est voulu, l'allure d'un documentaire. Sans jamais aborder si peu que ce soit le contexte politico-religieux, le drame se concentre uniquement sur le vécu journalier de ces soldats parachutés dans un enfer par la volonté aberrante d'un gouvernement irresponsable. Avec ses instants de haute intensité dramatique, son lot de scènes fortes, mais aussi quelques tunnels pesants qui exposent clairement la perturbation psychologique inhérente à cette situation de sursitaires de la mort. Jeremy Renner, en particulier, donne à son personnage drogué au danger, inconsciemment suicidaire, une bouleversante authenticité. Cela dit, force est tout de même de constater que, hormis la spécialisation spectaculaire des protagonistes, et le fait que le réalisateur soit une femme, le film ne se démarque pas foncièrement des grandes réussites du genre ("Il faut sauver le soldat Ryan", "La ligne rouge"...). Et l'on ne peut tout de même qu'être stupéfait de voir que cette oeuvre a supplanté "Avatar" lors de la remise des Oscars. Sans vouloir minimiser la réussite incontestable de Kathryn Bigelow, il ne fait pas de doute que la création de James Cameron affiche une créativité et une envergure autrement supérieures...