Dérapages incontrôlés, film de Roger Michell, commentaire

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Dérapages incontrôlés,
      (Changing lanes),     2002,  
 
de : Roger  Michell, 
 
  avec : Ben Affleck, Samuel L. Jackson, Toni Collette, Sydney Pollack, Kim Staunton, William Hurt, Richard Jenkins,
 
Musique : David Arnold

 
 
Gavin Banek (Ben Affleck) est un jeune et brillant avocat qui travaille dans le cabinet de son beau-père Stephen Delano (Sydney Pollack). Il doit ce matin-là se rendre au tribunal afin de produire une pièce importante dans un dossier concernant la fondation Dunne dont il est l'un des responsables. Ce même matin, Doyle Gibson (Samuel L. Jackson) doit se rendre au tribunal où est jugée la garde de ses enfants. Mais sur l'autoroute, les voitures des deux hommes s'accrochent. Gavin, déjà en retard, refuse de faire un constat et laisse Doyle en plan. Par malheur, pour lui, il oublie le dossier qui contient les pièces à produire. Cet incident, a priori mineur, va dégénérer en une cascade de malentendus et de catastrophes de plus en plus graves. 
 
 Très bonne surprise que ce drame psychologique, quelquefois à la limite du thriller, mené avec intelligence, sobriété et efficacité. A partir de menus faits, se construit parallèlement l'engrenage des événements de plus en plus dramatiques, et la descente aux enfers de deux personnages dont l'étude psychologique s'enrichit au fur et à mesure de leurs délires. C'est avec une louable sobriété et un sens du rythme et du montage excellent, que le réalisateur nous fait assister à la course aux excès et à la violence qui gangrène deux êtres "normaux" lorsque la maîtrise des actions, qu'ils ont pourtant initiées, leur échappe. Tout au moins en apparence. Car cette histoire est en même temps l'illustration du pouvoir que nous avons tous, à chaque instant, de créer le cheminement de notre vie, d'installer ou non la construction positive ou la désintégration. Le choix du titre français est, à cet égard, fort intelligemment choisi. Au dérapage objectif des véhicules, s'ajoute en effet le dérapage psychologique qui, à partir d'un simple mouvement de colère et d'égoïsme, va pourrir la vie de deux hommes et celle de leurs proches.  
 
 Le film est en même temps une réflexion sur le choix de vie qui nous est proposé. A ce titre, la fin est judicieusement choisie et son impact émotionnel est renforcé par l'absence de pathos.  
 
   Les deux acteurs sont excellents et parfaitement crédibles dans leurs personnages. Samuel Jackson, émouvant dans le rôle de ce père conscient des erreurs passées et désireux de ne pas perdre totalement ses enfants. Ben Affleck, parfois bien décrié en tant qu'acteur, est ici en phase totale dans la peau du jeune arriviste aux dents longues qui n'a pas encore totalement réussi à étouffer sa conscience.
   
Bernard Sellier