Le dernier des Mohicans, film de Michael Mann, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Le dernier des Mohicans,
      (The  last of the Mohicans),     1992, 
 
de : Michael  Mann, 
 
  avec : Daniel Day-Lewis, Madeleine Stowe, Wes Studi, Jodhi May, Patrice Chéreau, Russell Means,
 
Musique : Trevor Jones, Randy Edelman


 
Nathanaël (Daniel Day-Lewis) a perdu toute sa famille à deux ans et a été recueilli par Chingachgook (Russell Means), un Mohican. En 1757, les Anglais et les Français, commandés par Montcalm (Patrice Chéreau) sont en pleine guerre. Le colonel Munro (Maurice Roëves) est assiégé dans le fort qu'il défend avec ses hommes et des miliciens enrôlés contre la promesse qu'ils pourraient quitter l'armée et retourner sur leur terres si celles-ci étaient attaquées. Les deux filles du colonel, Alice (Jodhi May) et Cora (Madeleine Stowe) sont en route pour rejoindre leur père, mais leur escorte dirigée par le Major Duncan Hayward (Steven Waddington) est attaquée par les Hurons de Magua (Wes Studi) et elles ne doivent leur salut qu'à Nathanaël. Il les conduit dans le fort mais voit le colonel refuser de laisser partir ses amis miliciens, bien que certaines de leurs fermes aient été brûlées. Il les aide alors à s'enfuir, mais est incarcéré pour rébellion... 
 
 Il y a, quelquefois, des ouvertures de films qui laissent présager une réussite majeure. Des osmoses entre l'image et la musique qui marquent durablement la mémoire émotionnelle. Dans le cas du "Dernier des Mohicans", les trois premières minutes du prologue sont une sorte de miracle qui, par bonheur, se perpétue durant les cent minutes de l'oeuvre. Cette sourde mélopée qui débute pianissimo, pour s'enfler progressivement et déboucher sur la simple et sublime mélodie, tandis que le regard découvre les montagnes embrumées, est tout bonnement d'un lyrisme envoûtant.  
 
 Qu'y a-t-il dans cette œuvre ? De la guerre, du sang, de la fureur, de la grandeur, de l'amour, du sacrifice, la mort qui règne en maîtresse... A vrai dire, rien de très original. Ce sont là les lieux communs de quatre vingt dix neuf pour cent de la production cinématographique ! Alors, à quoi tient l'exceptionnelle réussite de Michael Mann ? Je crois qu'elle peut se résumer en très peu de mots : authenticité, noblesse et sobriété. 
 
 Le superflu est totalement absent. Le peu qui est dit est en symbiose avec ce qui est vécu. Lorsque Chingachgook prononce les paroles d'adieu à son fils mort, ce sont celles qui auraient pu sortir de la bouche d'un guerrier indien du dix-huitième siècle. Lorsque les mots n'ont plus lieu d'être, parce que l'urgence commande le geste incisif (par exemple la seconde où Nathanaël se jette dans la chute torrentielle pour permettre la survie de Cora), la puissance d'un regard est là pour exprimer tout ce que le cœur renferme. Le bien et le mal se fondent en une tragédie poignante dans laquelle l'amour est tour à tour victime et vainqueur.  
 
 Une des clés de cette réussite tient aussi au choix de l'acteur Daniel Day-Lewis pour incarner ce personnage pacifique soudain exalté par la passion. Acteur est d'ailleurs, en l'occurence, un mot impropre, tant il vit ce drame et nous fait partager son désespoir.  
 
 Une merveille qui, malheureusement, n'est paraît-il pas la version montée par Michael Mann. Celle-ci n'existe actuellement que sur le DVD zone 1 américain !
   
Bernard Sellier