Devs, Saison 1, série de Alex Garland, commentaire

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Devs,
      Saison 1,     2020 
 
de : Alex  Garland..., 
 
avec : Sonoya Mizuno, Jin Ha, Nick Offerman, Alison Pill, Cailee Spaeny, Amaya Mizuno-André,
 
Musique : The Insects, Ben Salisbury, Geoff Barrow


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série...

 
Sergueï Pavlov (Karl Glusman) travaille en tant que codeur en Intelligence Artificielle au sein de la Société Amaya. Il est amoureux de Lily Chan (Sonoya Mizuno) qui est intégrée au service du chiffrement. Heureux des résultats de son employé, le patron, Forest (Nick Offerman), lui offre d'intégrer la division ultra secrète DEVS. Mais, dès le premier jour, Forest s'aperçoit que Sergueï a copié le code secret. Il fait exécuter le traître par son chef de la sécurité, Kenton (Zach Grenier)...

 S'il est possible de reprocher à certaines séries de traîner au démarrage, c'est loin d'être le cas ici. L'histoire ne s'embarrasse pas de préliminaires et tomberait presque dans l'excès inverse. Le comportement soudain de Sergueï paraît en effet quelque peu étrange dans sa précipitation. Quant à la finalité de l'ordinateur central de DEVS, loin de constituer le mystère que l'on ne découvre qu'à la toute fin de l'histoire, elle est révélée d'emblée, même si quelques compléments sont apportés au fur et à mesure que l'histoire se déroule. Ses possibilités exceptionnelles sont bien sûr au coeur du sujet de la série, puisqu'il ne s'agit, ni plus ni moins, que de plonger dans les archives akashiques de l'univers et de visualiser aussi bien le Christ sur sa croix que Marc-Antoine faisant la cour à Cléopâtre ! Tout cela s'accompagne de quelques explications qui paraîtront pour le moins nébuleuses au commun des mortels. Car les dessous de la physique quantique et de ses applications ne sont pas ce qu'il y a de plus limpide. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est le questionnement sur le futur : l'univers est-il neutre et déterministe ? Les événements de l'avenir peuvent-ils être visualisés parce que déductibles du présent ?

 La seconde composante de la série est dans son principe beaucoup plus classique, à savoir la quête obstinée d'une jeune femme pour découvrir les secrets de son chéri et les mystères qui entourent sa mort. Mais là encore, l'originalité pointe le bout de ses narines, puisque l'existence des multivers génère plusieurs copies de chaque personnalité.

 Il paraît évident que les moyens de production ont été limités. Ce bunker qui rassemble le sommet de toute la technique mondiale a été créé par un barbu qui ressemble plus à un SDF qu'à un génial inventeur de la Silicon vallée, et il ne comporte en tout et pour tout que trois ou quatre pingouins pour chercheurs. C'est un peu limite. En revanche les créateurs se sont rattrapés sur l'esthétique du lieu, car cette salle cubique aux parois alvéolées et dorées, flottant dans un vide permanent, ne manque pas de gueule. Et puis surtout, si ce n'est pas le dénouement inattendu qui va nous faire retomber dans un rationnel bon teint, il est impossible de ne pas saluer le concept scénaristique qui soutient l'ensemble et offre, parallèlement à une réflexion abyssale sur le temps, le déterminisme et le libre-arbitre, un contexte émotionnel des plus touchants.

   
Bernard Sellier