Ne pas lire avant d'avoir vu la série
Dexter Morgan (Patrick Gibson) voit le jour le premier février 1971. Devenu jeune adulte, il suit des cours de médecine. Son père, le policier Harry Morgan (Christian Slater), est au courant des pulsions criminelles de son fils. Il tente de les canaliser en le faisant participer à des séances de chasse. Mais cela ne suffit plus. Lorsqu'Harry est victime d'une crise cardiaque et que Dexter se rend compte que l'infirmière Mary (Tanya Clarke) le tue à petit feu en lui injectant du nitrate de potassium, le jeune homme décide de réaliser sa première exécution...
On aurait pu s'attendre à une certaine progressivité dans cette série qui explore les premiers pas de Dexter dans la mission macabre qu'il s'est donnée. Mais ce n'est pas le cas. Le récit entre directement dans le vif du sujet, c'est le cas de le dire. Les références désormais bien connues sont présentes dès l'ouverture de l'histoire. Dexter est sujet à des pulsions incontrôlables, sa sœur Debra (Molly Brown) ne mâche pas ses mots et se montre d'une agressivité permanente, et le technicien Vince Masuka (Alex Shimizu) est toujours adepte de l'humour caustique. La bonne nouvelle, c'est que le choix de Patrick Gibson, ambigu à souhait, fait rapidement oubier le génial Michael C. Hall. Dans le registre du moins enthousiasmant, il est possible de regretter que la subtilité ne soit pratiquement jamais au rendez-vous. C'est vrai pour les intrigues, qui ne font guère dans la dentelle, tout comme pour les flashback, aux look flashy et dotés de couleurs hypersaturées, mais aussi pour les personnages qui reprennent les codes de la série-mère, sans se poser de questions sur le fonctionnement interne du justicier, dont les quelques états d'âme sont surlignés par les commentaires en voix off du Dexter originel. Dans la première moitié, l'intrigue se divise en deux branches distinctes qui se superposent sans jamais se fondre. Si l'une est résolue, la seconde laisse évidemment la place à une suite qui se veut indispensable. Au bout du compte, cette première saison des débuts de Dexter ne se démarque guère des huit épisodes qui ont fait le succès du criminel-justicier. Les évènements sont décalés dans le temps et sont marqués par un apprentissage laborieux, mais le récit ressemble tout de même trop à son modèle. La coloration dramatique ne manque pas d'efficacité, mais l'originalité ne brille guère par sa présence. Les principaux gagnants de cette série sont finalement la touchante Debra et l'excellent Christian Slater. Ce qui est également regrettable, c'est le manque de vraisemblance de l'une des deux énigmes. Celle qui a trait au frère de Dexter est tout à fait recevable, ce qui n'est pas le cas de celle qui concerne le kidnappeur des enfants...
Bernard Sellier